Face à la situation en Ukraine, mais également au Proche et Moyen-Orient, l’Europe veut renforcer sa défense. Fin mars, un plan-choc de 800 milliards d’euros a été annoncé à travers le plan «ReArm EU». Toutefois, l’Europe est encore très dépendante de l’armement américain. Mais au vu de la situation internationale tendue et des droits de douane qui planent sur le Vieux Continent, le PDG de Dassault hausse le ton. Interrogé par BFM Business depuis le salon du Bourget, Eric Trappier a plaidé pour davantage de «patriotisme européen» : «Il faut savoir se réarmer pour être capable de défendre son pays, de défendre un ensemble de pays alliés.»

Arrivé à la tête du groupe industriel en janvier dernier, Eric Trappier souligne que l’actualité internationale «interroge» et qu’il va falloir regarder «à la loupe» le sujet de la défense lors de ce salon. Selon lui, les dernières prises de position de Donald Trump doivent être un signal pour les Européens, leur «parler» même et «les réveiller sur le fait que la défense de l'Europe est un sujet important». Eric Trappier note aujourd’hui un «réveil», mais il attend encore que des «actes suivent». Et le PDG de Dassault d’ajouter : «Ça fait plus de 30 ans qu'on appelle à une préférence européenne.»

Les armes moins chères en France

Mais alors pourquoi de nombreux pays européens se tournent-ils toujours vers les Etats-Unis en matière d’armement ? Parce que la défense européenne est vue à travers le prisme de l’OTAN. Or, «c'est vu par beaucoup de pays européens comme une alliance dirigée par les Etats-Unis», estime Eric Trappier. Malgré cela, les armes européennes ont des arguments à mettre en valeur, à commencer par leur prix. C’est le cas des produits français jugés «bons, et moins chers que les produits américains».

Eric Trappier regrette aussi un choix «politique» concernant la préférence pour les armes américaines. En revanche, Dassault enregistre de plus en plus de commandes de Rafale, notamment de pays étrangers. Alors que la cadence est déjà de trois par mois actuellement, elle va «passer à cadence quatre dans les années qui viennent et (…) à cadence 5 sous réserve qu'il y ait des contrats supplémentaires», détaille Eric Trappier.

Le PDG de Dassault estime également que tous les secteurs doivent faire front en Europe, jugeant que le rapprochement entre industrie automobile et défense est «une très bonne chose». Si aucun rapprochement ne semble prévu entre Dassault et l’industrie automobile, le travail avec des sous-traitants des deux branches est vu d’un bon œil : «C'est un bon modèle, car quand l'automobile baisse, on peut réaugmenter l'aéronautique», a confié Eric Trappier sur BFM Business.