Consacrer 2% du PIB à la défense «ne suffit pas», ont estimé jeudi les ministres allemand et français de la Défense, qui ne veulent toutefois par «s'enfermer dans une guerre des chiffres» face à l'exigence de Donald Trump de voir les Etats membres de l'Otan les faire passer à 5%. «Nous tous en Europe sommes conscients, et pas seulement à cause de Trump, que les 2% ne suffiront pas pour rendre nos forces armées capables de se défendre lors d'une attaque russe ou pour être dissuasif», a admis Boris Pistorius lors d'une interview commune avec Sébastien Lecornu sur LCI. «Il faut que l'Europe consacre plus d'argent à sa défense (...), 2% ça ne suffit pas. Pour autant, il ne faut pas qu'on s'enferme non plus dans cette guerre des chiffres», a abondé le ministre français des Armées.

Les Etats-Unis eux-mêmes ne dépensent pour leur défense que 3,2% de la richesse produite sur leur sol, a rappelé M. Pistorius, selon qui y consacrer 5% représenterait pour l'Allemagne «41 ou 42% du budget fédéral». «La question essentielle est qu'il ne s'agit pas de savoir combien d'argent nous allons dépenser, mais (...) de savoir pourquoi on dépense cet argent, où et comment», a-t-il martelé. Pour Sébastien Lecornu, qui estime que les Européens sont «trop lents dans le réarmement», «ce n'est pas qu'une affaire d'argent» : «Il faut surtout parler de 2% utiles" pour disposer de forces entraînées et équipées et non pas "pour acheter des armes pour remplir des hangars et ne pas savoir s'en servir.»

Une opposition à l'exigence de Donald Trump

Le chancelier Olaf Scholz a marqué son opposition la semaine passée à l'exigence de Donald Trump, soulignant que cela représentait «beaucoup d'argent» pour le budget allemand. Le président Emmanuel Macron a de son côté estimé que son homologue américain avait «raison» d'affirmer que les Européens devaient dépenser plus, mais s'est gardé de préciser si la France comptait aller au-delà de la croissance du budget prévue par la loi de programmation militaire 2024-2030.