Le texte a passé haut la main la première étape. Jeudi 5 juin, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi, portée par un député communiste, visant à permettre le versement des allocations familiales dès le premier enfant. À 103 voix pour et 17 voix contre, le texte a convaincu les députés de la gauche au RN. Les élus macronistes se sont opposés à la mesure qu’ils jugent trop coûteuse. Edouard Bénard, à l'origine de la proposition de loi, estime son coût à «trois milliards d’euros».

«Les coûts liés à l'arrivée du premier enfant sont considérables : logement, mode de garde, alimentation, perte de revenus…», a défendu Edouard Bénard en ouverture des débats. Le député a fait valoir «une adaptation aux réalités sociales de notre temps» alors que «plus d’un tiers des familles françaises ont un enfant unique».

Les élus macronistes franchement opposés à cette mesure

Du côté du camp présidentiel, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap a estimé que «la trajectoire financière de notre modèle de sécurité sociale ne nous permet pas de mettre en place une telle mesure sans réformes majeures impliquant des économies». Selon Charlotte Parmentier-Lecoq, la mesure n’aurait par ailleurs «aucun effet redistributif pour les familles les plus modestes», car «mécaniquement le versement d'allocations familiales serait absorbé par une réduction à due proportion du RSA ou de la prime d'activité».

«Ce sont surtout les classes moyennes qui seraient les plus grandes bénéficiaires, avec une estimation de 130 euros supplémentaires en moyenne par mois pour certaines», a répondu Edouard Bénard, contacté par l’AFP, soulignant que mathématiquement ce serait nettement moins bénéfique aux familles qui bénéficient de prestations sociales, mais «sans baisse de pouvoir d'achat». «C'est pour cela qu'il faut une réforme beaucoup plus globale, ce n'est qu'un pied dans la porte», a-t-il soutenu.

Pour poser des pistes de financement, les députés ont adopté deux amendements du socialiste Jérôme Guedj. Objectif : aller chercher des recettes en recalculant l'assiette qui sert à déterminer les exonérations de cotisations sociales patronales, ou à revoir certains taux réduits de contributions d'employeurs sur de l'épargne collective ou de prévoyance en entreprise.

Actuellement, les allocations familiales sont versées aux personnes ayant au moins deux enfants de moins de 20 ans à charge. Le montant des prestations varie selon les ressources du foyer, le nombre d’enfant à charge et leur âge. Elles sont versées à partir du mois qui suit la naissance ou l’accueil du deuxième enfant ou plus. Une majoration pour âge est versée à compter du mois qui suit le 14e anniversaire de l’enfant.