
Avouons-le, tricher dans le dos de son assureur est une option parfois tentante… ne serait-ce que pour se faire rembourser au-delà de l’indemnité à laquelle normalement prétendre, ou alors pour éviter de devoir lui payer une prime plus élevée. Si les fraudes graves à l’assurance restent minoritaires, les plus petites ou les plus innocentes semblent faire figure de discipline assez bien rodée. Selon une étude de l’assureur en ligne Leocare, environ 7% des Français avouent tromper leur compagnie d’assurance lors d’un sinistre impliquant leur voiture. Cette même étude révèle d’ailleurs ce que ces automobilistes tentent de cacher à leur assureur, et comment. La première de ces techniques, selon Christophe Dandois, cofondateur de Leocare, est la déclaration d’un sinistre antérieur à la souscription d’un nouveau contrat d’assurance. Elle est souvent employée par les automobilistes ayant déjà déclaré un nombre assez élevé d’accidents ou de petits accrochages, le plus souvent responsables, et qui savent pertinemment que ce nouveau sinistre aura des conséquences sur le montant de leur prime d’assurance, l’année d’après. Pour résilier plus facilement leur contrat, ces mauvais conducteurs prétendent alors avoir vendu leur voiture, en fournissant un faux formulaire Cerfa. Et en profitent ensuite pour filer à la concurrence, afin de bénéficier le plus souvent de meilleures garanties de remboursement. Et comme par hasard, quelques jours après avoir souscrit ce nouveau contrat, ils signalent à la compagnie un accrochage…
La même entourloupe est aussi employée par les mauvais payeurs, qui craignent qu’avec un accident à déclarer, leur assureur ne décide finalement de les résilier. Un faux formulaire Cerfa de vente, une résiliation, et le tour est joué, en souscrivant un nouveau contrat. «En moyenne, les assurés déclarent leur sinistre moins d'une semaine après la souscription de leur contrat. Ce délai extrêmement court est suspect et suggère souvent une tentative de fraude, visant à déclencher une indemnisation avant même que l’assureur n’ait eu le temps de vérifier les conditions de la souscription», explique Leocare.
Un bris de glace sera moins défavorable à son bonus-malus
Mais ce n’est pas la seule astuce des conducteurs français. Ceux-ci n'hésitent pas, en effet, à carrément présenter à leur assureur de fausses factures, souvent avec la complicité d’un garagiste. Une astuce un peu plus malsaine, selon Christophe Dandois. Car il s’agit là de solliciter abusivement une garantie du contrat plutôt qu’une autre, moins avantageuse. En clair, des assurés acceptent les propositions de garagistes peu scrupuleux qui sont capables d’expliquer au conducteur qu’une déclaration de bris de glace sera moins défavorable à son bonus-malus, et qu’il pourra tout de même à la place lui réparer le rétroviseur cassé, ou la carrosserie emboutie. Un deal assez fréquent et organisé en France malheureusement.
Les conducteurs peuvent également mentir sur l’estimation des dégâts, et avoir la main lourde sur les montants de réparations à déclarer. Et hop, c’est dans la poche ! Cette surestimation se complète par une pratique de falsification, celle concernant tout type de documents, soit l’historique de la voiture, ou des relevés d’information sur l’assuré, essentiels pour l’évaluation des risques. Leocare confirme que ces documents sont régulièrement modifiés, pour induire les assureurs en erreur et obtenir ainsi des tarifs avantageux, voire échapper à des exclusions de garantie.
La peur des sanctions, qu’il s’agisse de la résiliation du contrat ou de poursuites financières, limite toutefois la gravité de ces fraudes. Par ailleurs, de nombreux conducteurs ont une manière bien à eux de contourner le système, pas toujours à leur avantage : selon l’étude de Leocare, un tiers d’entre eux reconnaissent ne pas déclarer à leur assureur certains petits sinistres, essentiellement pour ne pas voir leur prime d’assurance auto augmenter. Et ils seraient deux tiers d’entre eux à accepter de signaler ces sinistres, si leur montant de primes à payer ne devait plus être corrélé au nombre d’accidents déclarés, ou si les délais de traitement des dossiers étaient plus rapides. Il est vrai qu'attendre le passage des experts dans les garages pour estimer les dégâts est une sacrée tannée ! Voici les cas les plus fréquents de non déclaration :
-82% ne déclarent pas la petite égratignure causée en lavant la voiture,
-76 % ne déclarent pas les rayures légères sur la carrosserie pendant un stationnement,
-72% ne déclarent pas avoir reculé dans un mur sans dommage important,
-60% ne déclarent pas le petit choc avec un animal qui a traversé la route,
-59% ne déclarent pas l’accrochage sur un trottoir ou un obstacle fixe (poteau bas, borne…)
Selon Christophe Dandois, le montant total des primes d'assurance auto des particuliers atteint 21 milliards d’euros par an en France, et la profession estime que 7 à 8% des sinistres indemnisés sont issus de la fraude. Pour le patron de Leocare, les assureurs tentent de mettre un terme à ces pratiques frauduleuses, car il ne faut pas oublier que c’est tout le portefeuille de clients assurés qui trinque pour ces comportements, qui font augmenter les cotisations. Quelques outils techniques peuvent aider à stopper le phénomène : Leocare demande par exemple d'envoyer des photos (avec géolocalisation) de la voiture dans les 30 jours suivant la souscription du contrat pour en connaître parfaitement son état. Un système IA peut aussi détecter les factures trafiquées.
>> Notre service - Faites des économies en testant notre comparateur d'assurances auto



















