
473 800. C’est le nombre d’agents qui ont quitté la fonction publique en 2022, selon le rapport de la Cour des comptes sur les mobilités professionnelles entre les secteurs public et privé, publié le 13 mai. Notez qu’une majorité d’entre eux (34%) sont en réalité des fonctionnaires en fin de carrière qui partent à la retraite. Et pour les autres ? Mystère, puisque «les autres causes de départ ne sont pas renseignées», admet le rapport. En revanche, une chose est sûre : les départs vers le secteur privé restent très minoritaires. «10 000 agents rejoignent chaque année les rangs du privé», a ainsi chiffré Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, lors de la présentation du rapport à la presse. Un chiffre de 2019 qui n’a pas été actualisé depuis, «faute d’outils statistiques fiables», déplore-t-il.
«Pas de fuite des cerveaux» pour les fonctionnaires les plus qualifiés
Si «les mobilités professionnelles entre la sphère publique et le secteur privé ne représentent donc qu’une faible part de ces [500 000 départs annuels]», certains corps de hauts fonctionnaires sont nettement plus enclins à franchir le pas. Ainsi, «environ 10% des membres des corps et services techniques et administratifs supérieurs de l’Etat étaient affectés dans le secteur privé en janvier 2024», précise le rapport. Une proportion qui atteint 29% chez les ingénieurs des mines, mais chute à seulement 3% pour les membres de l’Inspection générale de l’administration. «On est donc loin d’une fuite des cerveaux», a martelé à plusieurs reprises Pierre Moscovici.
Mais alors, pourquoi ces fonctionnaires décident-ils de quitter la sécurité de l’emploi ? Plusieurs raisons sont évoquées dans le rapport : tout d’abord, «les considérations tenant aux écarts de rémunération, [qui] jouent assurément un rôle important». Car ce sont justement «les agents publics aux responsabilités élevées [qui] sont moins rémunérés que les salariés de niveau comparable du secteur privé». Dans les postes opérationnels ou de direction, la promesse d’un job «à vie» ne suffit donc plus toujours à compenser les salaires moins élevés du public.
Des raisons géographiques ou de mobilité professionnelle
Mais attention, réduire ces départs à une simple course à un meilleur salaire serait une erreur. La Cour des comptes insiste : si certains agents renoncent à la sécurité de l’emploi, c’est aussi pour des raisons personnelles ou d’organisation. Car le secteur privé offre souvent davantage de souplesse, notamment en matière de localisation. «Il est en effet plus facile de choisir son lieu d’affectation dans le secteur privé que dans le public», admet Pierre Moscovici. Autre motivation : l’envie de donner un coup d’accélérateur à sa carrière. Ces fonctionnaires peuvent ainsi «choisir de rejoindre le secteur privé, quitte à revenir ensuite dans la fonction publique en ayant acquis de nouvelles compétences». Ces allers-retours sont non seulement possibles, mais parfois même encouragés. Notamment avec la «période d’ouverture», qui permet à un agent qualifié de travailler dans le privé pendant deux à cinq ans, pour se former aux dernières technologies de pointe.



















