Une étude qui tombe à point nommé pour le gouvernement qui serre la vis sur les arrêts maladie : «Le taux d’absentéisme est malheureusement en hausse par rapport à l’année précédente.» C’est le constat de Noémie Marciano, directrice de l’activité assurances des personnes au sein du cabinet WTW. Ce mardi 2 septembre, le cabinet de conseil dévoile pour la 7ème année consécutive son traditionnel baromètre de l’absentéisme, après avoir observé 2 000 entreprises représentant plus de 430 000 salariés en cinq ans. Ainsi, alors que le taux d’absentéisme était de 4,96% en 2023, il est passé à 5,09% en 2024. Soit +3% en un an ! Une progression particulièrement inquiétante pour Noémie Marciano, puisque l’on retrouve encore cette année «des niveaux semblables à ceux constatés en 2020, en pleine crise du Covid». Et ce, alors même que les effets de la pandémie sur les arrêts maladie sont désormais bien loin. «Cela montre la modification pérenne des comportements vis-à-vis de l’absentéisme en entreprise», ajoute-t-elle.

Deux explications à cela. D’abord, «le taux d’entrée en absence des salariés», explique la directrice des activités liées à l’assurance des personnes. Autrement dit, de plus en plus de collaborateurs s’absentent au moins une fois dans l’année. Alors qu’on comptait auparavant moins d’un salarié sur trois concerné, «on est aujourd’hui à des taux de prévalence de l’ordre de 35%», poursuit-elle. Ainsi, sur 100 salariés, 35 ont eu recours à un arrêt maladie au cours de l’année 2024.

Autre élément qui explique la flambée de l’absentéisme en France, la durée des arrêts qui s’allonge. Là où un arrêt durait en moyenne 23,3 jours en 2023, il atteint désormais 24,1 jours en 2024. L’enquête de WTW souligne que cette «augmentation de la durée moyenne reflète à la fois une hausse du nombre d’arrêts longs et une augmentation de la durée de ces arrêts non compensée par l’évolution du poids des arrêts courts». Et comme l’enquête l’avançait déjà lors de l’édition précédente, ce sont surtout les risques psychosociaux - à commencer par le burn-out (épuisement professionnel) - qui alimentent cette flambée, confirmant leur statut de mal du siècle pour les travailleurs français.

Les employeurs bien conscients de l’envolée des arrêts maladie

Même si les entreprises ont bien identifié le sujet depuis plusieurs années, le signal d’alarme s’intensifie. «L’augmentation de la fréquence et de la durée moyenne des arrêts rend le problème de plus en plus visible, car cela représente autant de main-d’œuvre en moins et donc de coûts supplémentaires», avertit Noémie Marciano. Le cabinet chiffre déjà l’addition : près de 120 milliards d’euros par an pour l’ensemble des entreprises françaises ! Ajoutez à cela la baisse de la prise en charge des indemnités journalières par la Sécurité sociale en avril 2025 et la récente possibilité pour les salariés d’acquérir des congés payés pendant un arrêt maladie, et vous obtenez des employeurs contraints de prendre le problème à bras-le-corps.

Formation des managers à la détection du burn-out ou encore campagnes de vaccination : les leviers existent et sont souvent déjà mis en place, mais leurs effets ne se verront pas du jour au lendemain. «Ce sont des dispositifs qui prennent du temps à être mis en place, et à être mesurés», rappelle la directrice de WTW.