
L’écart de rémunération entre les hommes et les femmes en France reste une bien triste réalité. Pour preuve, en 2023, le revenu salarial moyen des femmes travaillant dans le secteur privé était encore inférieur de 22,2% à celui de leurs collègues masculins, selon la dernière enquête de l’Insee publiée ce mardi 4 mars. Concrètement, alors que les hommes perçoivent en moyenne 27 430 euros par an, les femmes, elles, doivent se contenter de 21 340 euros. Une première explication ? «Elles occupent plus fréquemment un emploi à temps partiel, situations pouvant aussi bien relever d’un choix qu’être subies», souligne l’Institut national de la statistique et des études économiques. De fait, puisqu’elles travaillent moins, elles sont logiquement moins payées.
Mais réduire cet écart à une simple question de volume de travail serait une erreur. La preuve : «En neutralisant ces différences de volume de travail, l’écart de salaire en équivalent temps plein (EQTP) entre femmes et hommes atteint 14,2%.» Un fossé en grande partie lié à la répartition des métiers entre les genres : les femmes sont encore surreprésentées dans les secteurs moins rémunérateurs, comme la santé, l’éducation ou l’administration publique. A l’inverse, elles sont encore très minoritaires dans les secteurs qui offrent les meilleurs salaires, comme l’ingénierie, la finance ou encore le domaine de la tech.
Alors, pour mesurer ces inégalités de salaire, autant comparer ce qui est comparable. Mais une fois encore, les chiffres ont la peau dure. Même en opposant des hommes et des femmes occupant le même emploi dans la même entreprise, «l’écart de salaire net en équivalent temps plein se réduit à 3,8%». Cette différence échappe donc aux seuls critères objectifs. Elle pourrait ainsi bien être liée à des facteurs discriminatoires ou à des écarts de comportement dans les négociations salariales. Car sur ce terrain, les femmes osent encore moins souvent réclamer ce qu’elles méritent.
Un salaire 25% plus faible pour les salariées seniors
D’autant que l’écart de rémunération ne fait que se creuser avec le temps. Plus une femme avance en âge, plus son salaire décroche par rapport à celui de ses homologues masculins. En début de carrière, la différence reste encore contenue, autour de 4,3% en équivalent temps plein (EQTP) pour les moins de 25 ans. A cet âge, les femmes perçoivent en moyenne 1 769 euros net par mois, contre 1 849 euros pour les hommes du même âge.
Mais à l’entrée dans la quarantaine, tout s’accélère : les inégalités salariales grimpent, dépassant alors la barre des 13% autour de 40 ans, pour ensuite exploser et se maintenir à des niveaux élevés jusqu’à la fin de carrière. A tel point que chez les salariés de 60 ans et plus, les hommes gagnent près d’un quart de plus (+24,9%) que les femmes. Concrètement, une salariée senior touche 2 829 euros net par mois, là où un homme du même âge gagne 3 766 euros net. Soit 11 244 euros de plus chaque année. Maigre lot de consolation pour les femmes : «Les inégalités de revenu salarial se sont réduites d’un tiers depuis 1995.» Mais à ce rythme, il faudra encore patienter jusqu’en 2079 pour voir les femmes gagner autant que les hommes. Allez, plus que 54 ans !



















