Commencer une vie à deux implique de nombreux changements, et notamment pour votre épargne. Les projets désormais communs peuvent en effet rendre nécessaire de repenser des placements qu'on avait réalisés seul. On peut également commencer à réfléchir à articuler ensemble certains produits d'épargne ou stratégies d'investissement. Enfin, l'épargne doit aussi devenir progressivement une solution pour protéger son conjoint et éventuellement ses enfants ! Pour bien aborder ce moment décisif, voici les préconisations de nos experts.
Puisque vivre à deux signifie avant tout habiter ensemble, le tout premier projet à financer apparaît évident : l'achat immobilier. Etre propriétaire de son propre toit est en effet une sécurité, mais il s'agit aussi d'un investissement financier. Celui-ci peut passer par l'achat de sa résidence principale, avec l'espoir de réaliser une plus-value à la revente, mais il ne faut pas exclure l'option de rester locataire et de miser plutôt sur un investissement locatif : «une solution à privilégier si l'on sait par exemple que l'un des deux conjoints va être amené à travailler ailleurs prochainement, ou si le couple ne se projette pas dans sa ville actuelle», abonde Nadine Trémollières, directrice de Primonial Portfolio Solutions.
Pour soi ou pour louer, le grand projet reste l'achat immobilier
Cette façon d'investir dans la pierre présente de plus des rendements attractifs, qu'il s'agisse de miser sur des villes moyennes en plein dynamisme (jusqu'à 7% de rendement brut), ou sur des villes touristiques (jusqu'à 6% net pour les ménages les moins imposés), en profitant de la fiscalité avantageuse des locations meublées de courte durée. Pour mener à bien ce projet dans l'immédiat, puisez en priorité dans vos livrets réglementés (Livret A, LDDS) et autres solutions d'épargne à court terme (comptes à terme, super livrets, etc.), afin de couvrir a minima votre apport et/ou les frais de notaire, ce qui préservera par exemple l'assurance vie de l'un des conjoints : si celle-ci a moins de 8 ans, vous ne bénéficierez en effet pas pleinement de l'abattement fiscal en cas de retrait.
Si le projet d’achat n'est en revanche pas pour tout de suite, vous pouvez continuer à profiter de la bonne rémunération actuelle des livrets réglementés, ou, si ces derniers sont au plafond, des super livrets et comptes à terme. Chacun contribue ainsi de son côté à la constitution du futur apport, selon ce qu'il peut mettre de côté tous les mois. Attention toutefois à un faux ami : le plan épargne logement (PEL). Ce produit vous permet en effet d'obtenir un crédit immobilier à un taux préférentiel, mais d'un montant limité seulement, et qui sera déterminé par l'épargne que vous serez parvenu à mettre dessus. Problème, avec sa rémunération - 1,58% net pour les PEL ouverts cette année -, il sera difficile d'atteindre des sommets.
Souscrire une ou deux assurances vie
Enfin, si ce n'est pas encore fait pour l'un des conjoints ou les deux, il vous faut ouvrir une assurance vie. Un placement qui ne sera jamais perdu, puisque ce produit, même s'il ne finance finalement qu'à la marge votre achat immobilier, pourra toujours servir à d'autres projets de moyen terme (achat d'une voiture, études des enfants, résidence secondaire, etc.). Il faudra alors adapter votre portefeuille en conséquence, soit au moment de la souscription, soit en réalisant des arbitrages par la suite. «Sans grands projets à financer dans les 5 ans, il faut continuer à investir sur le long terme et donc conserver une poche d'unités de compte (UC) investie en actions», préconise Nadine Trémollières. Cette classe d'actifs est en effet la plus performante sur le temps long (12,6% en moyenne par an, sur les 40 dernières années).
>> Notre service - Testez notre comparateur d’assurances vie
En revanche, «si on a un projet à financer dans quelques années, c'est le moment de se désensibiliser un peu vis-à-vis de placements trop risqués», explique Damien Servais, ingénieur patrimonial chez Apicil. D'une allocation dynamique recommandée à un jeune actif - 70% d'UC et 30% de supports garantis (fonds euros) - au départ, il est par exemple conseillé de basculer vers une répartition plus équilibrée, à 50/50 par exemple, afin de sécuriser l'épargne que l'on destine à ce projet. L'avantage de disposer au sein du couple de deux assurances vie est de pouvoir mutualiser cet effort d'épargne sécurisée, ce qui peut permettre à chacun de rester davantage investi sur des supports plus risqués et donc plus rémunérateurs.
Commencer à penser à la retraite… et à réduire ses impôts
Pour finir, la vie en couple peut aussi mener à réfléchir à un horizon d'investissement encore plus lointain : «Fonder un foyer, c'est aussi commencer à réfléchir à la préparation de la retraite, et notamment si l'un des conjoints part avant l'autre ou est amené à toucher une plus petite pension», confirme Damien Servais. «Si chez nous, l'âge de souscription d'un plan épargne retraite (PER) est autour de 40 ans, rien n'empêche d'en ouvrir un plus tôt si son niveau d'épargne le permet», ajoute Yves Conan, directeur général du courtier en ligne Linxea. Disposer d'un PER en plus d'une assurance vie est une corde à ne pas négliger d'ajouter à son arc pour constituer une enveloppe à laquelle on ne pourra pas toucher jusqu'à son départ en retraite, sauf accidents de la vie (invalidité, décès d'un des époux ou du partenaire de Pacs, etc.) ou achat de sa résidence principale. Il s'agit également de deux produits permettant de protéger le conjoint survivant, grâce à leur clause bénéficiaire.
En prime, c'est une solution avantageuse pour les couples qui souhaitent payer moins d'impôt. «Entre 30 et 40 ans, on arrive aussi à des niveaux de salaires et d'imposition supérieurs à ceux qu'on avait en début de carrière», souligne Nadine Trémollières. Or les versements effectués sur un PER sont déductibles de vos revenus imposables, et la réduction fiscale finale est d'autant plus intéressante avec une tranche marginale d’imposition élevée. Certes, le montant des versements éligibles à la déduction fiscale est limité par un plafond chaque année, mais les couples mariés ou pacsés peuvent les mutualiser : il est par exemple de 35 194 euros cette année pour un salarié seul, ou de 70 388 euros pour un couple déclarant en commun ses revenus.
- Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
- Le magazine en version numérique
- Navigation sans publicité
- Sans engagement
