
Ceux qui visitent Chambord n'en reviennent jamais vraiment. Car malgré un étonnant dénuement mobilier entre ses murs, les vieilles pierres du château murmurent à l'oreille de qui les écoute, les secrets d'un roi qui ne cesse de fasciner : François Ier. Ce château, c'est le sien. Le souverain esthète n'y a pourtant que très brièvement séjourné. Pour lui, le lieu était surtout l'ultime témoignage de son amour pour l'architecture. L'impressionnant escalier qui traverse l'édifice dans toute sa verticalité, en atteste. On en attribue la paternité à Leonard de Vinci, sur la base de croquis du maître imaginant des marches hélicoïdales où jamais les marcheurs ne se croisent – l'Histoire garde le secret de sa confection réelle mais nul doute que le père de la Joconde y a imprimé sa marque, d'une façon ou d'une autre.
De l'extérieur, le château est un spectacle à lui seul. Erigé sur un imposant domaine de chasse où, de François Ier à Georges Pompidou, les rois et présidents ont traqué le cerf ou le sanglier en pataugeant dans l'eau de la Loire, l'éclat de Chambord, ses pierres claires, sa stature imposante, ses lanternons à l'insolente photogénie, ne s'oublient pas de sitôt. Et pourtant, malgré toute sa majesté, le château se porte mal. Comme on peut le constater dans un reportage de TF1, après cinq siècles d'existence, il montre d'inquiétants signes de délabrement.
Un chantier à 37 millions d'euros
Pointant ici un trou dans le plancher, là un morceau de pierre échappé de l'escalier, Pierre Dubreuil, directeur général du domaine national de Chambord, alerte : «Si on ne fait rien, on peut perdre l'aile François Ier, qui est un trésor du patrimoine non seulement national, mais mondial». Les terres marécageuses et les inondations suivies d'épisodes de sécheresse au fil du temps n'ont pas épargné le géant de la Renaissance. L'édifice, impuissant, s'érode peu à peu. La directrice des bâtiments et jardins du domaine, Manon Hanseman, précise : «Les fissures bougent très régulièrement et très vite. Quelques-unes dans un bâtiment qui a 500 ans, c'est normal, mais dans ces proportions-là, ça ne l’est pas et c'est même inquiétant.»
Pour sauver le château, Pierre Dubreuil multiplie les initiatives, comme des concerts, mais aussi et surtout, un appel aux dons. L'Etat et les mécènes ont été sollicités, mais le grand public est lui aussi invité à contribuer à la remise en état du château de Chambord. L'ensemble des travaux à mener pour restaurer le bâtiment a été chiffré à 37 millions d'euros, dont 12 millions à réunir en toute urgence pour sauver la seule aile royale. Les personnes qui souhaitent aider peuvent se rendre sur le site web du château pour «devenir ange gardien du patrimoine» affiche la page dédiée. Et pour que les vieilles pierres chargées d'Histoire continuent de murmurer en secret.



















