
Amis Lyonnais, ce sont les derniers jours de Keolis à bord de vos métros TCL. À compter du 1er janvier 2025, c’est la RATP qui opérera les modes lourds (1 600 agents) de l’agglomération lyonnaise à la place de Keolis. La régie parisienne, qui cherche à se décentraliser de son marché historique, a en effet gagné au printemps dernier la compétition face à l’opérateur historique de l’ensemble des transports publics dans la capitale des Gaules. Un contrat à 2 milliards d’euros sur 10 ans.
Mais Keolis n’a pas perdu de temps pour amorcer la contre-attaque. Et c’est en région parisienne que ça se passe, sur les terres de… la RATP de Jean Castex. Ce mardi, le conseil d’administration d’Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports publics franciliens, vient d’entériner le gain par Keolis d’un lot de six dépôts de bus et leurs 42 lignes rattachées (206, 207, 209, 211, 213, 310, 312, 321, 421…) en Petite Couronne (Territoire de Marne et Brie). Cela représente, selon nos informations, pas moins de 37 millions de voyages chaque année sur ces 33 communes d’île de France (Chelles, Noisy-le-Grand, Pontaux-Combault…).
Un marché à 900 millions d’euros sur 8 ans
Et c’est un petit événement car cela concrétise l’ouverture à la concurrence du marché du bus proche de Paris et donc la fin du monopole de la RATP. Si la Régie savait qu’elle ne pourrait pas tout conserver, elle s’est tout de même vue attribuer deux des trois lots mis en compétition ce mardi (Boucles Nord de Seine et Bords de Marne), soit 48 lignes de bus en tout, laissant donc à Keolis un marché à 900 millions d’euros sur 8 ans.
L’exploitation en Petite Couronne par le nouvel opérateur débutera en novembre 2025, mais il n’y a pas de temps à perdre pour préparer le transfert du matériel roulant, ainsi que les conducteurs de la RATP qui vont donc découvrir une nouvelle maison. « Île-de-France Mobilités a déjà décidé de confier à Keolis l’exploitation de 3 des 4 lignes du futur métro du Grand Paris Express (lignes 16, 17 et 18). Nous exploiterons ainsi bientôt 90 km de lignes de métro automatiques en Île-de-France. Et nous nous sommes positionnés sur ce contrat de bus (baptisé DSP 9, NDLR) car notre ambition est de donner un nouveau souffle aux réseaux de bus de Paris et de Petite Couronne, qui ont perdu progressivement de leur attractivité à cause notamment d’une vitesse commerciale en baisse ». analyse Youenn Dupuis, Directeur général adjoint de Keolis, en charge de l’Île-de-France.
Pour ce faire, Keolis est déjà sur le terrain à inspecter les feux tricolores, la voirie, les croisements pour apporter de nouvelles solutions afin de faire rouler ses futurs bus plus rapidement. L’information aux voyageurs va aussi connaître des améliorations car Keolis souhaite installer de petites bornes aux arrêts de bus qui fonctionnent avec des mini batteries consommant peu d’énergie. Il sera ainsi possible de voir la position en temps réel du bus qui arrive.
« Keolis va reprendre le matériel roulant des opérateurs actuels, soit environ 350 véhicules dont une centaine fonctionne déjà avec des énergies alternatives au gazole. Île-de-France Mobilités a pour ambition de déployer un parc constitué à 100% de bus à énergies alternatives au diesel d’ici 2030 : Keolis accompagnera cette ambition en déployant toute l’expertise du Groupe en matière de transition énergétique », rappelle Youenn Dupuis qui va devoir vite se pencher sur l’accueil des agents RATP, inquiets de quitter l'opérateur public.
"Compter sur tous les salariés qui doivent être transférés"
Ces derniers savent déjà qu’ils partiront de la Régie avec toutes leurs conditions sociales et salariales dans leur sac à dos. Ils conservent en effet la majorité de leurs acquis. Ce qui n’empêchera pas d’amorcer un dialogue social rapidement. Selon une source proche du dossier, Keolis n’envisage pas tout de suite de bouleverser les plannings et les horaires de service des 1100 collaborateurs (dont 900 conducteurs et conductrices) de cette nouvelle entité, et devrait recevoir les représentants du personnel dès le mois de janvier pour cadrer les choses.
« Notre souhait, c’est de pouvoir compter sur tous les salariés qui doivent être transférés. Ce sont eux les acteurs du service public, nous voulons écrire avec eux une nouvelle page centrée sur un vrai projet d’entreprise et un socle social attractif. Nous allons les réunir par petits groupes pour lever les éventuelles inquiétudes et répondre à leurs questions, sans tabous », affirme Youenn Dupuis, qui prépare déjà le coup d’après.
D’ici l’été 2025, Keolis et les autres spécialistes des transports publics (Transdev, RATP…) doivent se positionner sur les premiers lots de bus dans Paris intra-muros. Ce calendrier, légèrement décalé par le gouvernement sortant pour s’éviter une grosse pression sociale lors des JO de Paris 2024, va cependant finir par s’exécuter et IDFM devrait trancher sur ces lignes, qui sont les plus fréquentées, d’ici octobre 2025. Pour préparer cette grande compétition, IDFM devrait selon nos informations, convoquer une grande réunion tripartite (Transdev, Keolis, IDFM) courant janvier pour enclencher le mouvement.



















