Marseille en grand ! Le nom du programme présidentiel de renouveau de la Cité phocéenne pourrait s’appliquer aussi à l’annonce du groupe Galeries Lafayette, faite ce mardi 21 janvier. Car le spécialiste des grands magasins ne va pas faire les choses à moitié. Aux représentants syndicaux, réunis à Paris, la direction a annoncé son projet de fermer les deux magasins de Marseille. Donc de quitter la ville.
Pour les équipes c’est un choc, car les dernières fermetures sèches remontent à au moins dix ans, avec la disparition des points de vente de Lille et du Centre commercial Belle-Épine. Ces dernières années, lorsque ses magasins de province étaient en difficulté, le groupe préférait les céder à des repreneurs, ce qui a notamment fait le bonheur de l’homme d’affaires Michel Ohayon et du duo d’entrepreneurs Frédéric et Maryline Merlin, également repreneur du BHV, via sa Société des grands magasins (SDM).
« On s’attendait à une fermeture, mais pas deux »
Mais à Marseille, de repreneur il n’y a point. Et au vu de la dégradation de l’environnement commercial et de la baisse du chiffre d’affaires des magasins, la direction n’a finalement pas voulu tergiverser. «On s’attendait à une fermeture, mais pas deux», confie un représentant du personnel, tout juste sorti de la réunion. Ce sont donc les emplois de 145 salariés qui sont directement menacés, même si la direction promet de mettre «tout en œuvre pour encourager le reclassement».
Selon les Galeries Lafayette, les chiffres ne laissaient pas d'autre alternative. «Ces magasins enregistrent des pertes récurrentes depuis plusieurs années», précise le groupe dans un communiqué de presse, sans préciser le montant total de l’ardoise des derniers exercices.
Questions sur la solidité du modèle grand-magasin en province
Pour la direction, c’est avant tout les emplacements qui n’étaient pas bons. Après le visible échec de l’ouverture en 2018 dans le nouveau centre commercial du Prado, l’enseigne dit avoir étudié le transfert vers d’autres zones de chalandises. En vain. «Nous avons cherché des alternatives possibles, mais n’avons pas trouvé l’emplacement premium et la taille d’espace qui correspondent à nos attentes», relève Nicolas Houzé, directeur général des Galeries Lafayette, cité dans le communiqué.
Alors que les Galeries Lafayette ont fêté en grande pompe leur 130e anniversaire, pendant plusieurs semaines l’an dernier, cette annonce sonne la fin de la récré. Elle va aussi relancer l’éternelle question de la pérennité de ces grandes surfaces multimarques dans les centres-villes de province. Rappelons en effet que le paquebot du boulevard Haussmann réalise toujours une part importante des 4,65 milliards d'euros de chiffre d’affaires du groupe et, selon nos informations, la quasi-totalité des bénéfices. Mais Nicolas Houzé ne souhaite pas ouvrir ce débat aujourd’hui. «Ce projet spécifique à Marseille ne remet aucunement en question notre conviction de la pertinence du modèle du grand magasin au cœur des villes de province», insiste-t-il, comme pour devancer la question.
Toujours est-il que ces derniers mois, le groupe accumule les mauvaises nouvelles. Outre la cession du BHV, la direction a également annoncé son abandon de l'exploitation de l'enseigne Eataly, et la fermeture du site BazarChic. Une mauvaise passe au coeur de laquelle, une seule nouvelle figure un point positif. Le groupe prévoit effectivement l'ouverture d'un grand magasin Galeries Lafayette à Nîmes à l’automne. En foot, on pourrait résumer ainsi le match : Marseille-0 / Nîmes-1.
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