«Les consommateurs disent que les prix ne baissent pas et qu’il ne se passe rien mais c’est faux !», scande Dominique Schelcher, président de la Coopérative U, à l’occasion d’une rencontre ce jeudi 3 octobre avec quelques journalistes, dont Capital. Le patron des magasins U l’affirme : depuis le mois d’avril, les prix des articles vendus dans les 1 760 points de vente de l’enseigne ont, en moyenne, diminué de 1%. Pas de quoi sauter au plafond... Mais après la spirale inflationniste qui a fait bondir les étiquettes des produits alimentaires de plus de 20% en deux ans, on peut commencer à se réjouir. Par exemple chez U, le tarif de la barquette de jambon Herta a baissé de 0,40 euro tout comme l’huile d’olive ou encore les produits à base de papier (coton, couche, papier toilette…). «Mais pour le consommateur ces baisses sont difficilement perceptibles car le montant du ticket de caisse reste toujours élevé», regrette-t-il. Pas de panique ! De nouvelles baisses sont à attendre au cours des prochains mois, notamment lors des négociations commerciales entre les magasins et les fabricants, qui se clôturent début mars 2025. «Nous comptons bien obtenir de nouvelles baisses de tarif auprès des marques qui en ont les moyens», assure Dominique Schelcher.

L’objectif ? Relancer la consommation. Dans les magasins U, comme chez ses concurrents, certains rayons souffrent du manque de clientèle en raison des prix trop élevés. La poissonnerie, le fromage à la coupe, la boucherie, les alcools et même les fruits & légumes sont délaissés par les consommateurs, qui rationalisent leurs dépenses et se tournent vers des produits accessibles. Pourtant, rien de dramatique, chez U. «De janvier à août 2024, les ventes en volume ont progressé, en moyenne, de 1,8% et de 4,1% en valeur dans nos magasins. Même au plus fort de la crise inflationniste, nos ventes n’ont jamais été en négatif», se félicite Dominique Schelcher.

Pourtant, il n’a pas été question de mettre le paquet sur les marques de distributeurs (MDD) et les premiers prix pour booster les achats. À la différence d’Auchan qui souhaite réaliser 50% son chiffre d’affaires avec des produits MDD et de Carrefour, qui veut atteindre au moins 40% des ventes sous MDD à horizon 2026, la coopérative ne projette pas d’aller au-delà de 33% des ventes générées avec les produits à marque U.

Un résultat net de 2%

Avec un chiffre d’affaires 2023 qui s’élève à 33,1 milliards d’euros, en progression de 7,2% pour la Coopérative U, Dominique Schelcher tient cependant à souligner que ses magasins n'ont pas profité de la crise inflationniste pour se remplir les poches. «On est le bouc émissaire mais notre résultat net n’excède pas 2%. En d’autres termes, quand un consommateur dépense 100 euros dans nos magasins, nous ne récoltons que 2 euros au maximum», argumente-t-il. Mais sur tel un volume d’affaires, ce ratio est loin d’être négligeable.

Alors en réponse à la déclaration du Premier ministre, Michel Barnier, qui propose de taxer les superprofits des grandes entreprises, dont les enseignes de la grande distribution, pour essayer de combler le déficit de la France, le dirigeant est offusqué : «on est bien loin des sociétés ciblées qui réalisent un milliard d’euros de bénéfices». Il attend d’ailleurs de pied ferme un rendez-vous avec les nouvelles équipes ministérielles afin d’évoquer les réformes nécessaires à apporter aux lois Egalim, qui visent, entre autres, à protéger le pouvoir d’achat des consommateurs et le revenu des agriculteurs. «A priori, nous devrions référer à Laurence Garnier, nommée secrétaire d’État à la Consommation. Mais pour le moment, nous n’avons eu aucun contact», indique-t-il.

Des dossiers complexes auxquels Dominique Schelcher souhaite bien participer. À la tête de la coopérative U, depuis mai 2018, son mandat se termine en juin 2025. Interrogé sur son éventuelle candidature à sa succession, il reste évasif. «Il n’est pas encore l’heure de se prononcer», affirme-t-il. Mais on l’imagine mal quitter le navire.