
Le marché de la tomate cerise de plus en plus segmenté
Depuis les années 1990, le rayon des tomates s’est diversifié, les maraîchers français cherchant à se démarquer avec des produits plus haut de gamme, donc plus coûteux. Allongées ou rondes, toutes petites aux couleurs variées… Baptisées tomates cerises, elles ont vite conquis la clientèle en quête de produits sains, savoureux et faciles à croquer à l’apéritif ou lors d’un pique-nique.
Des coopératives de producteurs à la manœuvre
Avec près de 115 500 tonnes consommées en France tous circuits confondus (restauration incluse), selon une estimation de l’Interprofession des fruits et légumes frais (Interfel), les tomates cerises ont vu leurs volumes écoulés grimper de quelque 50% entre 2019 et 2023 ! L’essentiel est acheté en grande surface sous des marques de coopératives regroupant des centaines de maraîchers indépendants, surtout dans l’Ouest et le Sud (Savéol, Rougeline, Solarenn…).
Une culture sous serre chauffée
En France, la production est réalisée sous serre chauffée, le gros des plantations poussant hors sol dans des substrats de fibre de coco. Récoltées à la main, les tomates partent ensuite dans des stations de conditionnement, avant d’être livrées aux distributeurs ou aux grossistes sur une saison qui dure huit mois, de mars à octobre.
Une rude concurrence marocaine
La montée en gamme des produits français n’a pas échappé aux concurrents marocains. Tel le groupe Azura, leader sur le marché hexagonal avec des produits vendus à petit prix toute l’année, grâce à des coûts de main-d’œuvre 14 fois inférieurs à ceux pratiqués en France, selon le ministère de l’Agriculture. En outre, il y a peu de taxes douanières du fait d’un accord entre l’UE et le Maroc (2012), et dont le mécanisme de calcul ne tient pas compte de la valeur plus élevée de ces tomates.
La tentative de riposte tricolore
Selon les maraîchers français, la grande distribution marge aussi davantage sur leurs productions que sur les marocaines. Réunis dans l’association Tomates de France, les plus importants d’entre eux tentent cette année un coup avec une barquette de 250 g au prix conseillé de 1,29 euro. Difficile, en-deçà, de gagner de l’argent sur un marché où les cours se négocient tous les jours.
Mieux réguler les importations ?
Si les tomates cerises marocaines gênent peu l’hiver en l’absence de production hexagonale, leur présence l’été (40% des achats environ en magasin) pèse sur les prix. Cultivées à Agadir et au Sahara occidental, un territoire revendiqué par le Maroc, elles transitent par Perpignan avant d’être dispatchées. Les producteurs français espèrent à l’avenir une meilleure régulation avec, entre autres, une révision de l’accord de 2012. Pas gagné.
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