A la différence de Jeff Bezos, Elon Musk, Bernard Arnault ou encore Warren Buffet, son nom ne vous est peut-être pas familier. Et pourtant, Jeffrey Yass est une des personnes les plus riches au monde, le deuxième financier le plus fortuné derrière le directeur général de Berkshire Hathaway. En effet, à 76 ans, la fortune de l’homme né dans le Bronx est évaluée à plus de 60 milliards de dollars. Loin du top 10 des milliardaires, mais assez pour faire de lui un homme très influent dans la finance. Cofondateur de Susquehanna International Group (SIG), une holding de trading boursier, il a surtout un parcours atypique, détaille BFM Bourse.

Pourquoi parle-t-on de lui aujourd’hui ? Car depuis le début de l’année, à l’image de Warren Buffet, il est un des seuls milliardaires à profiter de l’élection de Donald Trump et de son changement de cap politique et économique. Résultat : une fortune personnelle qui a grimpé de 15 milliards de dollars. En outre, depuis quelques années, ses investissements dans ByteDance, la société mère de TikTok, lui rapportent gros. Selon Bloomberg, sa fortune aurait doublé en trois ans depuis notamment que plusieurs investisseurs du groupe chinois ont réévalué sa valorisation à plus de 400 milliards de dollars.

Jeff Yass posséderait 7% de ByteDance (TikTok)

Une somme énorme, car selon les médias américains, Susquehanna International Group posséderait 15% de ByteDance et Jeff Yass même 7% à titre individuel. Mais est-ce le seul élément qui peut expliquer l’explosion de la fortune de l’Américain ? Son parcours peut constituer un élément clé. Pendant ses études, alors qu’il obtient un diplôme de premier cycle en mathématiques et économie, il va se mettre à jouer au poker avec ses amis et parier sur des courses de chevaux. Il va rapidement devenir joueur professionnel se déclarant à l’époque «inemployable» malgré ses diplômes.

Mais sa carrière va décoller en 1981 quand il va commencer à trader au Philadelphia Stock Exchange. Le milliardaire Israel Englander lui propose à l’époque ce siège en échange de 30 000 dollars et de la moitié de ses revenus. Un an après, il fonde sa société de trading accompagné d’amis avec qui il jouait au poker. De cette activité découlera la création de Susquehanna International Group en 1987, critiqué à ses débuts, car elle profitera du krach boursier de Wall Street la même année (octobre). Qualifiée de «mastodonte du trading d’options» par nos confrères, SIG utilise la théorie des jeux comme son cofondateur, en étudiant les décisions rationnelles des entreprises et individus.

D’anti-Trump à soutien du président ?

Mais aujourd’hui, c’est surtout sa volte-face qui fait beaucoup parler. Fervent soutien du parti républicain pendant la primaire, Jeff Yass a financé les rivaux de Donald Trump selon les données d'Opensecrets, notamment via des PAC (comité d'action politique). Mais après l’investiture de l’ancien président, le cofondateur de SIG l’a finalement soutenu financièrement. Plus récemment, le véhicule d’investissement Digital World Acquisition a fusionné avec Trump Media Technology qui chapeaute notamment Truth, le réseau social du président, rapporte BFM Bourse. Or SIG possédait des parts dans Digital World Acquisition… Un soutien intéressé alors que le site Quartz le qualifiait d’«anti-Trump» encore en 2016 ?

L’homme entretient toujours le mystère, comme sa société d’ailleurs qui communique très peu avec les médias et qui ne divulgue pas ses comptes globaux. «Nous avons cette culture qui fait que tout le monde parle la même langue, qui est en fait la langue des probabilités et de l'espérance mathématique», se contentait de dire le milliardaire dans une vidéo sur YouTube. La culture du jeu est intimement liée à SIG, que ce soit le poker évidemment (des tournois sont organisés), les échecs, les jeux de cartes ou encore le backgammon. Un autre crédo de l’homme d’affaires est que «si vous avez le meilleur argument, vous gagnez». Une culture simple qu’il semble appliquer.