Le patron de la Société des Grands Magasins (SGM), Frédéric Merlin, assume son partenariat avec Shein. Le géant chinois de la fast-fashion a ouvert son espace dans le célèbre établissement parisien le 5 novembre dernier, et en une semaine, malgré les différentes polémiques liées à la vente de poupées à caractère sexuel et d’armes de catégorie A, plus de 50 000 visiteurs ont afflué. Toutefois, le BHV Marais pourrait être rattrapé par d’autres problèmes, a appris BFMTV, et peut-être plus graves sur le long terme.

En cause ? Des impayés concernant des marques emblématiques présentes au BHV Marais depuis des années. Depuis mardi 11 novembre, il n’est plus possible de trouver les parfums des deux marques du géant mondial du luxe LVMH, à savoir Dior et Guerlain. Et selon BFMTV, qui cite des présentoirs désormais vides, la décision du départ de ces deux marques emblématiques n’est en aucun cas liée à l’arrivée de Shein. Les marques du groupe LVMH en auraient eu assez d’impayés à répétition du BHV. Déjà en août 2024, des informations avaient filtré quant aux difficultés financières du BHV, déjà en proie à des retards de paiement.

400 000 euros d’impayés pour Armor-Lux

Sous couvert d’anonymat, plusieurs marques avaient confié à Mediapart subir des retards de paiement sur plusieurs mois, quand des fournisseurs auraient même suspendu leurs livraisons. Mais la SGM avait tempéré en évoquant des «perturbations» pour «une période transitoire». Après Dior et Guerlain, une autre marque française va-t-elle faire de même ? Début octobre, le président d’Armor-Lux laissait en effet entendre qu’il ne souhaitait pas voir ses produits «cohabiter» avec ceux de Shein au BHV.

Aujourd’hui, Jean-Guy Le Floch va encore plus loin et révèle auprès de Ouest-France se retrouver dans une situation délicate à cause de «400 000 euros de factures impayées» avec le BHV : «Ça dure depuis neuf mois. On leur envoie des stocks, mais on n’est pas payés en retour», déplore-t-il. Si la situation perdure, la marque bretonne pourrait envisager de quitter le grand magasin. Ces dernières semaines, d’autres marques ont mis leurs menaces à exécution, essentiellement à cause de l’arrivée de Shein.

Une quinzaine de marques déjà parties

C’est le cas de la marque beauté Aime, de Maison Lejaby, de Maison Pechavy, de Culture Vintage, d’APC, de Saint-Michel Parfums, de Rivedroite Paris, de Figaret ou encore de Polymair. On peut y ajouter Le Slip Français, Agnès B, Odaje et Skin&Out. Sans oublier Disneyland qui a retiré son magasin éphémère pour les fêtes de fin d’année. Une situation qui inquiète au plus haut point les salariés du BHV Marais. Auprès de BFMTV, certains estiment que «Noël est fichu».

Une source interne avoue même que samedi 8 novembre, le BHV a réalisé «350 000 euros de chiffres d'affaires, contre 1 million, voire 1,5 million d'euros d'ordinaire pour un gros samedi». Des chiffres qui sont «très loin de la réalité», contredit un proche de Frédéric Merlin, qui assure également que le rachat des murs du BHV (au Groupe Galeries Lafayette) se fera. Quitte à faire rentrer un investisseur étranger ? La direction aurait également assuré aux salariés que «des choses positives» allaient arriver et qu’elle «allait payer tous les fournisseurs».