Nouveau gadin pour Atos ! Notre ex-fleuron informatique a annoncé jeudi une chute de près de 16% de ses revenus pour son premier trimestre, à un peu moins de 2,1 milliards d’euros. S’il peine à booster son chiffre d’affaires, le groupe se montre beaucoup plus efficace pour réduire sa masse salariale. Depuis l’annonce de ses résultats annuels 2024, publiés le 5 mars soit il y a moins de six semaines, l’entreprise s’est encore séparée de quelque 4000 collaborateurs. Elle n’en compte plus désormais que 74 074 dans le monde, soit 36 797 de moins qu’à la fin 2022, lorsqu’elle en revendiquait encore plus de 110 000. En un peu plus de 2 ans, Atos s’est donc délestée en douceur d’un tiers de ses effectifs, désormais basés pour une bonne part dans des pays à bas coûts. En particulier en Inde, qui concentrerait aujourd’hui plus de la moitié de ses employés.

En France, l’entreprise comptait encore 10 130 salariés à la fin février, selon les chiffres communiqués par le CFE-CGC, soit 1187 de moins qu’un an plus tôt. Dans l’entreprise, certains craignent que cette cure d’amincissement se durcisse encore dans les mois qui viennent. Franck Chartier, le nouveau patron de la branche française, devrait présenter le 6 mai aux syndicats une nouvelle organisation pour l’Hexagone. Huit jours plus tard, le PDG Philippe Salle, aux manettes d’Atos depuis février, dévoilera la stratégie du groupe à l’horizon 2028. «On ne sait pas vraiment ce qui nous attend, mais il y aura forcément un impact sur l’emploi», estime Philippe Talini, coordinateur-adjoint à la CFE-CGC.

L’an dernier, Atos avait déjà planifié pour 2025 la suppression de 2248 postes (dont 382 en France) au sein de sa filiale Eviden, qui englobe ses activités de cybersécurité et de traitement de données. Bientôt, Atos pourrait aussi officiellement se délester de son activité dédiée aux supercalculateurs, qui compte aujourd’hui environ 1100 salariés en France. L’Etat français propose 500 millions d’euros pour acquérir cette activité sensible, qui contribue à la simulation numérique de nos essais nucléaires. Le PDG d’Atos en réclame 625 millions. Les négociations pourraient se poursuivre jusqu’à fin mai. L’activité cybersécurité, qui propose notamment des systèmes de cryptage de communications pour l’armée devait elle aussi être mise en vente. Mais Philippe Salle pourrait la maintenir dans le giron du groupe, au moins pour un temps. Car elle génère du cash.

Pour faire des économies, le nouveau boss pourrait encore réduire un peu plus la voilure en limitant sa présence à une quarantaine de pays, contre 68 aujourd’hui. Et faire le ménage dans le middle-management, en concentrant les responsabilités dans les mains des lieutenants qu’il juge les plus efficaces. Et pour cause : « Chez Atos, au moins 30 % de ces chefs ne sont pas indispensables », persifle un ex-top manager. Pour le malheur d’Atos, les grands patrons qui se sont succédé à sa tête depuis plus de quinze ans, ne l’ont pas été non plus.