Cela faisait quatre ans qu’il attendait de toucher son gain. Et non des moindres. Comme l’a appris Le Parisien, un parieur utilisant la plateforme Winamax vient de gagner en justice, le tribunal de Paris a condamné Winamax à payer les 400 000 euros au joueur. L’affaire remonte à 2021. A l’époque, les paris du joueur sont validés, ses gains aussi avant d’être crédités sur son compte. Mais très rapidement, son compte joueur est fermé, Winamax l’accusant d’avoir triché en ayant réalisé des «paris sans aléa».

Selon le joueur, la plateforme de paris serait «mauvaise perdante», mais pour cette dernière, il y a des clauses stipulant que «si le résultat est déjà connu au moment de la prise de pari», une mise peut être annulée. Dans de nombreux cas, il est interdit de parier en direct lorsqu’un joueur se trouve dans une enceinte. En 2021, sur plusieurs semaines, le joueur a ajouté des pronostics en cours de match sur cinq formules de paris combinés (tennis, foot, rugby, basket…). Mais lui se défend : «Si Winamax avait détecté une quelconque irrégularité au cours de ces matchs ou après, ils auraient eu parfaitement le temps d’annuler toutes les prises de paris.»

Pas de fraude selon le tribunal

Or, selon son avocat, le parieur était bien chez lui : «Pour tricher, il aurait fallu qu’il soit dans les stades au moment des matchs ou qu’il ait des informateurs sur place, jusqu’en Colombie ou en Australie», détaille-t-il, avant de railler : «Ce n’est pas James Bond !» Selon Winamax, le joueur aurait pourtant moins de chances de remporter ses paris que de gagner au loto. Déploré par son avocat, l’argument a été également retenu par le tribunal de Paris. D’ailleurs, la quatrième chambre civile du tribunal de Paris n’a trouvé «aucune fraude».

D’autant qu’à l’époque, le joueur avait utilisé la fonction «Cash out» de Winamax pour retirer une partie de ses gains et se les assurer. «Pourquoi arrêter en cours de route quand on connaît déjà le résultat ?», ironise l’avocat. En laissant tous ses paris, il aurait en effet pu remporter plus de 625 000 euros. Toutefois, cette affaire est symptomatique de nombreux cas recensés dans les tribunaux ces derniers mois. Des joueurs attaquent les plateformes de paris.

Un secteur décrit comme «le Far West»

Ces cas concernent des suspensions ou résiliations de comptes, des blocages de mises ou le refus de payer les gains. Selon Le Parisien, à chaque fois les décisions sont au détriment de profils décrits comme «gagnants». Même l’Autorité nationale des jeux (ANJ) ne parvient pas à mettre de l’ordre dans le secteur. Un ancien trader d’une plateforme l’avoue : «Les opérateurs font ce qu’ils veulent, c’est le Far West.» Il ajoute qu’elles savent que «la plupart des joueurs ne prendront pas d’avocat». Mais quand c’est le cas… A ce jour, Winamax a déjà décidé de faire appel.