Neuf psychologues sur dix refusent d’adhérer au dispositif lancé en avril 2022 par le gouvernement et depuis renommé Mon Soutien Psy. C’est ce qu'indiquait un communiqué du Syndicat National des Psychologues (SNP), publié pour le premier anniversaire du programme. Les semaines d’information de la santé mentale, qui se déroulent du 9 au 22 octobre, sont l'occasion de revenir sur les modalités de remboursement d’une séance chez le psychologue.

Le dispositif Mon Soutien Psy créé par le gouvernement propose la prise en charge de jusqu’à 8 séances chez un psychologue. Sont concernés : les patients à partir de 3 ans en «souffrance psychique d’intensité légère à modérée». Le tarif de la première séance, dite d'évaluation, est fixé à 40 euros. Les suivantes sont à 30 euros. Seuls les psychologues libéraux volontaires et conventionnés avec l’Assurance Maladie peuvent proposer ces services.

«Actuellement le dispositif comprend tellement d'éléments problématiques que la très grande majorité de la profession n’a pas souhaité l’intégrer», avertit Florent Simon, secrétaire général du Syndicat National des Psychologues. Seules 8 séances par patient sont remboursées par l’Assurance Maladie et la mutuelle ou la complémentaire santé. «Qu’est ce qui se passe après la huitième séance si le patient n’a pas les moyens ?», interroge le thérapeute. «C’est comme arrêter une opération en plein milieu», poursuit le spécialiste qui compare «le suivi thérapeutique» à «une plongée sous-marine» au cours de laquelle le psychologue «descend par palier pour aller plus en profondeur».

Une durée et un tarif réduits de moitié

D’autant plus que la tarification réduite - 30 euros la session au lieu de 50 à 70 euros pour une séance classique en fonction du professionnel - limite la durée du rendez-vous à une trentaine de minutes. «Il faut venir pour pas grand-chose pour que cela fonctionne», ironise Florent Simon. Le Syndicat National des Psychologues pointe aussi du doigt «le passage obligatoire chez le médecin traitant pour obtenir une ordonnance», laquelle donnant accès au programme de remboursement.

Par ailleurs, nombre de patients sont «exclus» du dispositif qui ne s'adresse qu’aux personnes présentant une «souffrance psychique légère ou modérée». «Les enfants présentant un trouble TDAH ne peuvent pas en bénéficier», par exemple, illustre le syndicaliste. Florent Simon regrette le «manque de concertation avec les acteurs de terrain» du gouvernement pour mettre au point le dispositif. Résultat ? «Le programme ne fonctionne pas alors qu’on a jamais eu autant besoin de soins psychiques en France», déplore le psychologue.

«Avant de renforcer le secteur privé, il faudrait d’abord s’intéresser au public», lance le secrétaire général du SNP. Les centres médicaux psychologiques (CMP) proposent déjà des séances remboursées par la Sécurité sociale. Le SNP souhaiterait «la création massive de postes de psychologues» pour éviter «les listes interminables d’attente». En parallèle, le syndicat milite pour la mise en place d’un «dispositif de remboursement libéral efficace», «sans passage par un médecin, sans restrictions des motifs de consultations et avec des tarifs cohérents» avec les honoraires classiques des psychologues.