Toucher au porte-monnaie des moins fortunés lorsque ceux-ci sont reconnus coupables de délits. L’idée avait déjà été lancée dans certaines municipalités avec l'expulsion de fauteurs de troubles dans les logements sociaux. Mais désormais, ce sont plus globalement les allocations familiales qui sont dans le viseur des municipalités. Il y a quelques jours, ICI Azur révélait que le procureur de Grasse avait validé une proposition du maire de Cannes, David Lisnard, visant à supprimer toutes les allocations des personnes condamnées pour trafic de drogue. Une procédure déjà mise en place à Grenoble, comme l’avait évoqué Capital, grâce à une convention signée entre le parquet de Grenoble et la Caisse d’allocations familiales.

Concrètement, cela veut dire que tous les revenus connus du trafic de drogue seront ajoutés aux ressources officielles dans le calcul des droits sociaux. Mise en place à Cannes, la mesure devrait être étendue à tout le département des Alpes-Maritimes. Invité de RTL le 31 juillet, celui qui est aussi président de l’Association des maires de France s’est défendu d’une «mesure de non-sens et de conscience civique». Le but est d’«arrêter de subventionner avec nos impôts et nos cotisations des dealers qui gagnent parfois bien plus que nous».

Arrêter «masochisme social»

Pour David Lisnard, il est hors de question d’«aider ceux qui nuisent à la société». Toutefois, l’édile cannois reconnaît qu’une telle mesure ne réglera pas le problème du trafic de drogue ou du narcotrafic, car «les gros dealers n’en ont rien à faire des revenus de la CAF». En revanche, il est persuadé que cela peut avoir un impact sur leur famille : «S’adresser aux familles, dire qu’on n’accepte plus, la complicité, la niaiserie, et qu’on n’est plus masochistes, qu’on arrête le masochisme social», a-t-il mis en avant sur RTL.

Visiblement remonté, le maire de Cannes s’est insurgé que «ceux qui travaillent, qui sont les plus pressurisés du monde, payent pour ceux qui nuisent à la société, qui détruisent le travail». Pour l’heure, peu de villes ou de départements ont pris ce genre de mesures, mais cela pourrait changer rapidement. David Lisnard assure en avoir parlé avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui serait «en phase avec ce genre de mesures».

David Lisnard veut expulser les délinquants des logements sociaux

D’ailleurs, le président de l’Association des maires de France souhaite même aller plus loin dans ses propositions en expulsant par exemple les «délinquants avérés» des logements sociaux. «Ça serait aussi une grande mesure de justice sociale, comme celle de cesser de verser des allocations aux trafiquants», a-t-il lâché sur RTL. Même si ceci est impossible à ce jour, il faut que «l’État cesse d’être faible avec les forts et fort avec les faibles», a-t-il martelé.