
Les marchés financiers l’attendaient depuis des mois : la Fed vient de procéder à sa première baisse de taux directeur depuis plus de 4 ans. A l’époque, la Fed avait été prompte à réagir à l’apparition de la crise du Covid, et baissait ses taux de 1,50 point de pourcentage pour les porter à seulement 0,25% en mars 2020. Deux ans plus tard, la hausse brutale de l’inflation conséquente à l’épidémie et l’éclatement de la guerre en Ukraine poussait la Fed à resserrer sa politique monétaire. Elle a alors entamé un des cycles de hausse des taux les plus rapides de ses dernières décennies, passant de 0,25% en mars 2022 à 5,5% en juillet 2023 (il faut remonter au choc pétrolier de 1979 pour trouver un mouvement d’une telle ampleur). La Fed a maintenu ses taux sur ces niveaux élevés (un plus haut depuis 2001) pendant plus d’un an pour lutter contre l’inflation et estime qu’il est désormais temps d’assouplir les conditions monétaires, notamment pour éviter une récession de l’économie américaine.
Cette première baisse est légèrement plus importante qu’attendu (la Fed a baissé ses taux de 0,50 point à 5% quand la plupart des autres Banques centrales ont commencé par une baisse de 0,25 point) et marque «le début d’un processus» selon Jerome Powell, le président de la Fed. En effet, la Banque centrale américaine anticipe de poursuivre progressivement ses baisses de taux jusqu’en 2026 sans pour autant revenir aux taux très bas qui prévalaient dans les années 2010 ou après la crise du Covid. Les marchés obligataires ont peu réagi à l’annonce, le marché des changes a été très volatil mais le dollar reste finalement quasiment stable contre l’euro et les marchés actions ont accueilli favorablement ce début d’assouplissement monétaire. Les actions américaines et européennes étaient en hausse de près de 2% au lendemain de l’annonce.
Un contexte favorable au métal précieux
Mais la réaction la plus spectaculaire a été celle du prix de l’or : quelques minutes après l’annonce de la Fed, le cours du métal doré bondissait de 1,3% pour atteindre 2 600 dollars l’once et ainsi dépasser une nouvelle fois son record historique. Il affiche une performance de plus de 25% depuis le début de l’année 2024, après avoir déjà monté de plus de 13% en 2023. L’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, est en concurrence avec les obligations d’Etat, elles aussi perçues comme des actifs présentant peu de risque. Quand les taux sont élevés, les investisseurs se tournent plutôt vers les obligations puisqu’elles offrent un rendement intéressant. Mais en période de baisse de taux, elles deviennent moins attractives et l’or revient sur le devant de la scène.
Cela s’illustre par la collecte des fonds indiciels (ETF) adossés à l’or, redevenue positive depuis quelques mois. Ces fonds permettent aux investisseurs de s’exposer à l’or sans en détenir directement. Depuis 2022, date du début du resserrement monétaire de la Fed, ils avaient largement retiré leur argent de ces fonds, préférant investir dans d’autres actifs. Mais depuis le mois de juin, les investisseurs s’intéressent de nouveau au métal doré et augmentent leur exposition à l’or, malgré des prix déjà élevés. Le contexte géopolitique très tendu, l’approche des élections américaines, la demande des Banques centrales et maintenant la baisse des taux de la Fed sont autant de facteurs qui les laissent penser que l’or pourrait poursuivre sa progression déjà très impressionnante.


















