Les chasseurs pensaient avoir eu gain de cause à la fin du mois d’août quand un arrêté autorisait la chasse à l’alouette des champs dans quatre départements du Sud-Ouest, à savoir la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques «du 1er octobre au 20 novembre». Selon cet arrêté défendu par le gouvernement, «l’objectif des chasses traditionnelles» est aussi «culturel». Mais comme l’a appris ICI Gascogne, cet arrêté a été suspendu par le Conseil d’Etat ce mercredi 24 septembre. Il autorisait notamment la méthode des filets dits «pantes».

Le Conseil d’Etat avait été saisi par plusieurs associations de défense des animaux, dont One Voice et la LPO. Dénonçant un acharnement de l’Etat sous la pression des lobbys, le juriste de One Voice, Nicolas Yahyaoui, a salué «une vraie victoire». Il rappelle que son association a obtenu des «dizaines de décisions du Conseil d’État qui vont dans ce sens», mais à chaque fois, l’Etat veut réautoriser en permanence ces modes de chasse. Malgré «un bras de fer coûteux, long et inutile (…) les oiseaux ne seront pas chassés aux pantes dans les mois qui viennent», se réjouit-il.

Les chasseurs en colère

Selon le Conseil d’Etat qui se base sur une directive européenne, «l’objectif de préserver l’utilisation d’un mode de chasse constituant une pratique traditionnelle» ne justifie pas une telle dérogation. Dans un communiqué de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) cité par Sud Ouest, son président, Allain Bougrain-Dubourg, évoque un «désaveu cinglant». Il poursuit : «La justice rappelle une nouvelle fois au gouvernement que la préservation de la biodiversité doit prévaloir sur un loisir mortifère, fût-il traditionnel.»

En revanche, du côté des chasseurs, la décision passe mal. Le directeur de la fédération de chasse des Landes a d’abord dénoncé la légitimité de ces associations : «Elles ne connaissent pas le dossier. Elles ont accepté de dire que tout ce qu’elles souhaitaient, c’était l’abolition de la chasse.» Il ajoute que cette décision est «une honte pour notre institution (…) une honte pour notre pays».

Régis Hargues déplore enfin «une justice qui ne fonctionne plus» : «Le juge qui a écouté sagement pendant une heure n’a rien compris à ce qui lui a été présenté. Aujourd’hui, nous sommes révoltés», termine-t-il auprès d’ICI Gascogne. Si la chasse à l’alouette aux filets est interdite, celle au tir reste autorisée.