Un traitement spécifique à la dépendance au cannabis pourrait-il enfin voir le jour ? Depuis plus de dix ans, la société pharmaceutique Aelis Farma, spécialisée dans le développement de traitements pour les maladies du cerveau, travaille sur un remède contre l’addiction à la substance illicite. C’est le professeur Pier-Vincenzo Piazza, psychiatre, neurobiologiste et lauréat du Grand prix de l’Inserm, qui mène à bien ce projet.

Le chercheur expérimenté travaille sur l’activité d’un récepteur particulier du cerveau, le CB1, dont l’hyperactivation par le THC est responsable de l’addiction. Cependant, pas question de bloquer totalement l’activité du récepteur, seulement une partie. En effet, comme le rapporte le journal l’Union, le blocage total peut s’avérer dangereux : de précédents essais cliniques ont démontré l’apparition d’effets secondaires assez importants, tels que l’anxiété et la dépression.

En France, 900 000 personnes fument quotidiennement du cannabis.

Et selon les premières études, son médicament-candidat, l’AEF0117, aurait un triple effet : réduire les effets néfastes du cannabis sur le cerveau, diminuer la consommation du dépendant et éviter tous les symptômes du sevrage qui pourraient être mal vécus. «Cette molécule permet d’abord d’inhiber les effets euphorisants du THC. Chez l’homme, les addicts au cannabis ressentent moins les effets plaisants de la substance, le fait de fumer devient "moins bon que d’habitude"», affirme Pier-Vincenzo Piazza auprès de 20 Minutes.

Néanmoins, il faudra encore s’armer de patience avant de voir le premier traitement contre l’addiction au cannabis être commercialisé. La deuxième phase test, réalisée durant trois mois sur 333 personnes dépendantes dans diverses cliniques américaines, vient de s’achever fin avril. Les résultats se sont avérés positifs et le médicament-candidat a bel et bien été validé par la FDA (Food and Drug Administration), mais des essais doivent encore être effectués en outre-Atlantique et en Europe avant une commercialisation. Pour rappel, selon une étude réalisée par l’OFDT, près de 900 000 Français fument du cannabis de manière quotidienne.