Vous avez sans doute déjà reçu des appels dont le préfixe +44 vous laisse penser qu'ils sont passés depuis le Royaume Uni. Si les articles de presse se multiplient pour alerter les consommateurs concernant l'aspect frauduleux de ces coups de fil, ce qu'on sait moins, en revanche, c'est qu'ils ne proviennent pas de chez nos voisins britanniques. Selon un récent rapport du Bureau des Nations Unies sur la drogue et le crime (UNODC) relayé par le Huffington Post, ces appels frauduleux proviendraient en fait d'Asie du Sud-Est.

Birmanie, Philippines, Laos et Cambodge, notamment, font partie des pays abritant ces call-centers illégaux détenus par les mafias locales, qui y font travailler, parfois sous la menace, «des centaines de milliers de personnes». Un réseau tentaculaire difficile à démanteler car dès que les autorités débusquent l'une de ces plateformes, les activités se déplacent un peu plus loin, étendant leur réseau davantage. Les call centers réunissent également toutes les activités frauduleuses en ligne de type arnaques aux cryptomonnaies, paris illégaux, shadow banking (système bancaire parallèle) ou encore pig butchering, nom donné aux arnaques amoureuses...

En 2023, ces activités illicites ont généré plus de 30 milliards de dollars

D'après l'UNODC, plus de 30 milliards de dollars auraient ainsi été générés par ces activités illicites en 2023. A l'échelle mondiale, le pig butchering aurait coûté 65 milliards d’euros ces quatre dernières années. Le tout pour alimenter des réseaux mafieux implantés au-delà de leurs propres frontières. En avril 2024, un réseau a été découvert en Zambie ayant conduit à l’arrestation de 77 suspects, dont 22 ressortissants chinois. Un raid en décembre 2024 à Lagos a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes dont 148 ressortissants chinois et 40 Philippins, soupçonnés d’être impliqués dans des investissements en cryptomonnaie et des escroqueries amoureuses.

En octobre 2024, Le Monde avait recueilli les témoignages de jeunes femmes originaires d'Afrique ayant répondu à des annonces d'emploi – des missions de service après-vente en Asie bien rémunérées et donnant accès à un logement gratuit. Sur place, comme d'autres milliers de Kényans, Zambiens, Ghanéens ou Marocains, elles avaient été séquestrées dans d'immenses centres, surveillées par des hommes armées et forcées à procéder à des arnaques téléphoniques, essentiellement du pig butchering.