Le Bitcoin a presque doublé en l’espace de dix-huit mois, passant de 65 000 dollars en juillet 2024 à plus de 120 000 dollars en juillet 2025. Comme à chaque phase de rallye, une interrogation revient systématiquement  : les mineurs, qui sécurisent le réseau au prix de milliards de dollars investis en matériel et en électricité, captent-ils l’essentiel de la valeur générée ? La réponse n’est pas sans importance : une activité de minage profitable garantit la robustesse et la décentralisation de la blockchain, et par conséquent, sous-tend la confiance accordée au bitcoin.

La rentabilité est en trompe-l'œil. L’euphorie actuelle tient à trois moteurs : afflux d’épargne via les ETF spot (plus de 20 milliards de dollars de collecte depuis fin juin), détente monétaire américaine et visibilité réglementaire. Côté mineurs, l’équation dépend de deux variables. 1. Les revenus : au 20 juillet, la rémunération journalière (3,125 BTC par bloc plus les frais payés par les utilisateurs) frôle 55,4 millions de dollars, soit +55 % sur un an. Et 2. La difficulté : indicateur réajusté tous les 2 016 blocs pour maintenir un bloc toutes les dix minutes, elle culmine à 126,3 T (+54 %). Autrement dit, il faut 1,5 fois plus de puissance de calcul qu’en 2024 pour espérer trouver un bloc. Résultat  : la hausse du cours du Bitcoin compense à peine l’intensification de la concurrence. Avec un hashrate mondial record de 935 EH/s, seules les fermes les plus efficientes tirent leur épingle du jeu.

La facture énergétique s’alourdit

Entre 2024 et 2025, certains contrats spot américains ont doublé, passant de de 0,041 dollar à 0,081 dollar/kWh. TheMinerMag fixe désormais le coût médian de production d’un bitcoin au-delà de 70 000  dollars. Le « hashprice », revenu journalier par PH/s, tourne autour de 58 dollars, seuil qui flirte avec la rentabilité des Antminer S19, accélérant l’obsolescence progressive de ces machines.

Pour rester rentable, les leaders négocient l’hydroélectricité ou le gaz torché à moins de 0,04 $/kWh. Ils installent leurs fermes près de barrages ou de sites pétroliers, et valorisent la chaleur générée pour alimenter des serres agricoles ou des réseaux de chaleur urbains.

L’après halving  : course à la puissance

Le halving d’avril 2024 a divisé par deux la récompense de bloc, choc amorti par des frais records liés à la sortie du protocole Runes. Mais la vraie bataille commence :

  • Matériel : l’ASIC 3 nm (Bitmain S21, 17 J/TH) attendu pour 2026 repousse les limites de l’efficience et rend obsolètes les générations 7 nm.
  • Concentration : sept géants cotés prévoient d’ajouter 109 EH/s d’ici fin 2025 (+18 %), accentuant la pression sur les plus petits acteurs, pour qui la colocation ou la mutualisation devient incontournable.

Vers un modèle soutenable ?

À 120 000 dollars, la marge brute dépasse encore 60 % pour les sites les mieux installés. Mais chaque halving réduit la part des récompenses alors que la difficulté grimpe de manière exponentielle. Sans hausse durable des frais de transaction, la pérennité de l’activité dépendra de trois leviers majeurs. Voici lesquels.

1. Une chasse permanente aux watts bon marché et décarbonés

L’électricité représente souvent plus de 70 % des coûts d’exploitation des mineurs. Pour rester compétitifs, ces derniers se tournent de plus en plus vers les Émirats arabes unis, où l’abondance d’ensoleillement permet une production solaire à très bas coût, tandis que le gaz torché de l’industrie pétrolière est récupéré pour alimenter des fermes de minage. Cette combinaison unique attire les grands acteurs en quête de rendements optimisés et d’empreinte carbone réduite.

2. Une intégration verticale du modèle énergétique

Les acteurs les plus ambitieux ne se contentent plus d’acheter leur énergie : ils la produisent eux-mêmes. Certains investissent dans des parcs solaires, éoliens ou des unités de valorisation du gaz torché. En parallèle, les fermes de minage s’intègrent progressivement aux réseaux intelligents (grid balancing), adaptant leur consommation aux pics et creux de production électrique. Ce rôle actif dans la stabilisation du réseau leur permet de monétiser leur flexibilité tout en renforçant leur ancrage énergétique.

3. Une diversification des sources de revenus

Pour réduire leur dépendance au cours du bitcoin, de plus en plus de mineurs se diversifient : calcul haute performance (HPC), hébergement de modèles d’intelligence artificielle, ou services Web3 comme le staking ou l’hébergement de nœuds. Pour l’instant, la flambée actuelle du bitcoin permet encore d’absorber la hausse des coûts, mais à terme, il leur faudra s’émanciper du prix de l’actif pour rester rentables et assurer la sécurité du réseau. L’ère des mineurs amateurs est révolue. Le relais est pris par des énergéticiens numériques capables de mobiliser des gigawatts d’énergie verte. De la solidité de ces acteurs dépend, in fine, la confiance que les investisseurs placent dans la « reine des cryptomonnaies ».

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