Pour beaucoup de Français, acheter des vêtements de seconde main est devenu une habitude de consommation. Mais même sur les sites de seconde main, les arnaques peuvent être nombreuses. Selon franceinfo, une nouvelle escroquerie inonde la plateforme Vinted. En effet, des vendeurs trompeurs utilisent des images générées par l’IA pour vendre des vêtements neufs issus de l’ultra fast-fashion, en les faisant passer pour des vêtements de seconde main. Sur la plateforme, les vêtements des marques Temu, Shein ou Aliexpress, de mauvaise qualité, se retrouvent bien souvent revendus trois ou quatre fois plus chers, décrits comme «vintage» ou issus d’une «boutique indépendante».

Johan Reboul, influenceur très actif sur Instagram sous le pseudo @lejeunengagé, parle de ces arnaques sur son compte Instagram. Il explique à franceinfo être tombé sur ce type d’annonces alors qu’il cherchait un pantalon. Il affirme avoir été alerté par des images trop parfaites, «beaucoup trop professionnelles pour être de la seconde main», selon lui. Mais quand il les regarde de plus près, il y voit aussi de nombreuses erreurs grossières : des membres de mannequins déformés, des décors incohérents ou des visages toujours différents sur un même compte. Tous ces signes montrent en effet une utilisation de l’IA pour arnaquer les potentiels clients. Selon l’influenceur, cette pratique est maintenant très répandue.

Quand le dropshipping se cache sous des airs de recyclage

Après quelques recherches, l’arnaque est assez simple à trouver. Une robe vendue sur Vinted environ 40 euros peut être retrouvée sur le site de Temu par exemple, à 15 euros, à l’identique, grâce par exemple à une recherche inversée d’image. Ce type d’annonce pullule sur la plateforme. Du dropshipping déguisé, c’est-à-dire vendre un produit sans stocks, en tant qu’intermédiaire entre un fabricant et un client.

Au-delà de l’arnaque financière, certains spécialistes dénoncent «un blanchiment textile». C’est le cas de l’historienne Audrey Millet, interrogée par franceinfo pour décrire cette pratique qui consiste à faire passer du neuf pour de l’ancien. Une pratique de l’ultra fast-fashion qui lui permet d’échapper aux critiques sur la surproduction, et ainsi de continuer à produire et à vendre, en flattant la fibre éthique ou écologique des acheteurs. Le problème, c’est que cette pratique fonctionne très bien. Certains de ces comptes ont plus de 30.000 abonnés sur Vinted, et des milliers d’évaluations positives. De son côté, Vinted dit surveiller l’usage de l’IA et sanctionner les comptes en cas d’abus. Mais face à leur multiplication à grande vitesse, la modération n’arrive en réalité pas à suivre. En effet, dès qu’un compte est supprimé, les annonces frauduleuses apparaissent de nouveaux comptes. Pour le moment, c’est donc aux utilisateurs d’être particulièrement vigilants.