Annoncé en juin 2024, le Nikon Z6III a été le premier et reste à ce jour le seul appareil photo équipé d’un capteur que Nikon a qualifié de « semi-empilé ». Comprenez par ce terme qu’il ne s’agit pas vraiment d’un modèle empilé « stacked » comme en disposent les Nikon Z 8 et Z 9, Canon EOS R3, R5 II et R1, ou Sony Alpha 1 et Alpha 1 II en 24x36. Mais sa structure singulière, comprenant deux barrettes de mémoire à ses extrémités, améliore tout de même sa vitesse de lecture de manière significative.

Il laisse aux Z 8, Z 9 et Z 7II l’apanage des hautes définitions de capteur, mais il hérite en revanche des deux premiers une rafale dont la cadence maximale atteint 120 i/s et une fonction de pré-déclenchement avant l’appui à pleine course sur le déclencheur. Il reprend par ailleurs du Z f le mode haute définition par déplacement de capteur Pixel Shift, tandis qu’il améliore le confort de visée de son prédécesseur en proposant un écran orientable grâce à une charnière centrale et un viseur à la luminosité accrue. Le Z6III s’affirme donc comme un modèle de hautes performances qui brille par sa polyvalence.

Design et fabrication : une grande robustesse (4,5/5)

Aficionados de Nikon, vous ne serez pas dépaysés par le Z6III dont les dimensions sont à peine supérieures à celles de ses prédécesseurs pour un poids qui, bien qu’en légère augmentation (760 g contre 705 g pour le Z 6II), reste très raisonnable. Sobre voire légèrement austère, l’appareil repose sur un châssis associant alliage de magnésium et fibre de carbone légère Sereebo P comprenant, en sus, des joints d’étanchéité évitant l’insertion des poussières et des ruissellements d’eau.

© Pascale Brites / Capital

Nikon précise par ailleurs que l’appareil et l’accumulateur peuvent supporter des températures allant jusqu’à -10 °C, tandis que la mise hors tension s’accompagne d’un verrouillage du système de stabilisation évitant tout dommage pendant le transport. Trappes, boutons et molettes sont fermes et robustes. Celle vouée aux modes de prise de vue dispose en son centre d’un verrou évitant les décalages accidentels. Sans faire preuve d’une grande originalité ou d’un design particulièrement séduisant, l’appareil va à l’essentiel et se concentre sur l’aspect fonctionnel et discret.

Connectique : presque tout d’un pro (4,5/5)

Pensé pour un usage varié en photo comme en vidéo, le Z6III dispose d’une connexion très complète comprenant un port HDMI-A plus robuste que le micro HDMI de son prédécesseur, tandis que son port USB-C peut être utilisé pour la recharge de sa batterie, y compris pendant son utilisation depuis un Power Bank. En revanche, il ne permet pas d’enregistrer directement sur disque SSD. Au-dessous se trouve une prise pour télécommande filaire, tandis qu’à côté sont réunies sous un même cache les prises jack 3,5 mm pour casque et micro. Pour la première fois sur un appareil Nikon, cette dernière peut également servir d’entrée ligne, afin d’y relier une table de mixage. Il laisse en revanche au Z 9 l’exclusivité d’une prise de synchro flash et d’une connexion Ethernet.

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L’enregistrement des images s’effectue via un double lecteur de carte mémoire dont l’un est au format CFexpress type B compatible XQD, et l'autre au format SD/SDHC/SDXC compatible avec la norme UHS-II. Via le menu de l’appareil, il est possible de choisir un enregistrement par débordement de l’une vers l’autre des deux cartes, de faire une copie de sauvegarde sur les deux cartes ou encore de séparer les Raw des Jpeg et des Heif, ou de stocker des Jpeg dupliqués dans une autre taille d’image. La copie manuelle en mode lecture est également possible.

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Enfin, l’appareil dispose évidemment de connexions sans fil, Wi-Fi 802.11b/g/n/a/ac et Bluetooth 5.0 permettant notamment son appairage avec un smartphone pour télécharger ses photos sur l’application SnapBridge ou le piloter à distance. C’est également en passant par l’application qu’il est possible de géolocaliser les images faites depuis l’appareil photo.

Expérience utilisateur : de nombreux raccourcis mais un menu peu ergonomique (4/5)

Comme à son habitude, Nikon a doté le Z6III d’une ergonomie reposant sur la présence, en haut de l’appareil, d’une molette des modes de prises de vues et de nombreux raccourcis comprenant deux touches paramétrables Fn1 et Fn2. Elles se situent au bord de la monture et ne sont malheureusement accessibles qu’aux grandes mains. Le positionnement des autres touches permet en revanche un accès rapide aux principales fonctions sans que la main droite ait à quitter la confortable poignée grip au revêtement anti dérapant.

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En plaçant l’accès aux cadences de prise en vue en haut à gauche de la face arrière, là où se trouvait le bouton lecture du Z 6II, Nikon a en plus souhaité offrir au Z6III une ergonomie plus proche de celle de ses professionnels Z 8 et Z 9. La touche i offre un accès au menu simplifié bien pratique, puisqu’elle évite de recourir au menu principal. Ce dernier est conforme aux autres modèles de la marque : dense et très complet, il manque en revanche d’un classement clair et instinctif des différentes fonctions. Les nikonistes sont habitués aux recherches dans les réglages personnalisés, mais les autres auront intérêt à commencer par personnaliser leur menu. Sachez par exemple que l’accès à l’obturation électronique peut se faire via le mode Silencieux qui se trouve dans le menu Configuration, ou depuis l’option Type d’obturateur du sous-menu Prise de vue/affichage du menu Réglages personnalisés, lequel permet également de choisir l’option de pré-déclenchement en rafale alors que la rafale est accessible depuis le Mode de déclenchement du Menu Prise de vue Photo ou depuis la touche dédiée de l’appareil… On a connu plus simple.

L’écran orientable facilite les prises de vue au ras du sol, à l’horizontale comme à la verticale.
L’écran orientable facilite les prises de vue au ras du sol, à l’horizontale comme à la verticale. © Pascale Brites / Capital

Le système de visée gagne en revanche en confort grâce à l’introduction d’un écran orientable via une charnière centrale permettant son inclinaison lors de prises de vues verticales et d’un viseur plus performant. Il gagne en définition passant de 3,69 Mpts sur les Z 6II mais aussi Z 9 et Z 8 à 5,76 Mpts et en intensité avec une luminance maximale de 4 000 cd/m² contre 3 000 cd/m² pour les autres modèles. Il supporte désormais l’espace colorimétrique DCI-P3 et possède une fréquence de rafraîchissement de 120 Hz.

Fonctionnalités : une offre qui s’étend (5/5)

Fort d’un capteur rapide, d’un processeur puissant et d’un capteur stabilisé dont l’amplitude atteint 8 IL (comme sur le Z f), contre 5 ou 6 IL pour les autres hybrides du fabricant, le Z6III dispose d’une offre fonctionnelle conséquente. Il reprend du Z f l’option Focus Point VR qui optimise la stabilisation sur la zone de mise au point et le mode Pixel Shift permettant d’accroître au choix la précision des couleurs et/ou la définition des images. L’opération reste néanmoins toute aussi contraignante puisqu’elle impose de photographier un sujet fixe sur trépied et de procéder à l’assemblage des images depuis le logiciel de bureau NX Studio. Les modes 4 et 16 images permettent bien de gagner en finesse de rendu, mais les modes 8 et 32 vues supposés réduire le bruit entraînent surtout une perte de netteté.

Les modes sur 8 et 32 vues sont peu satisfaisants.
Les modes sur 8 et 32 vues sont peu satisfaisants. © Pascale Brites / Capital

Le Z6III possède en outre des modes HDR, surimpression, intervallomètre et time-lapse, bracketing d’exposition et de mise au point, réduction de scintillement et réduction de scintillement haute fréquence pour adapter précisément le temps de pose aux sources de lumière en présence. Son obturation électronique silencieuse donne accès à de courts temps de pose jusqu’à 1/16000s quel que soit le mode utilisé, à de hautes cadences en rafale (voir plus bas), ainsi qu’à une fonction de pré-déclenchement en rafale paramétrable sur trois durées d’1 à 0,3 seconde. Le faible rolling shutter la rend compatible avec des prises de vues en intérieur sous des lumières artificielles.

L’obturation électronique silencieuse est compatible avec les prises de vue sous lumières artificielles.
L’obturation électronique silencieuse est compatible avec les prises de vue sous lumières artificielles. © Pascale Brites / Capital

Réactivité : rafale rapide et autofocus véloce (4,5/5)

Si l’introduction d’un deuxième processeur Expeed 6 avait permis au Z 6II d’afficher une bien meilleure réactivité autofocus que celle du Z 6, elle est incomparable avec celle du Z6III. Son processeur Expeed 7 lui donne accès à la détection automatique de multiples sujets, humains, animaux et véhicules avec une excellente précision. Il est par ailleurs le premier modèle de sa catégorie à intégrer le mode Suivi 3D de Nikon. Sans être totalement infaillible, le Z6III nous a impressionnés par sa réactivité et sa capacité à s’adapter à différentes disciplines, de l’animalier au sport.

L’appareil propose un mode de détection automatique de différents sujets. Néanmoins, sélectionner manuellement humains ou animaux donne plus de précision.
L’appareil propose un mode de détection automatique de différents sujets. Néanmoins, sélectionner manuellement humains ou animaux donne plus de précision. © Pascale Brites / Capital

Outre son autofocus performant, il dispose d’une rafale rapide dont la cadence maximale s’élève à 14 i/s en obturation mécanique mais peut surtout monter à 20 i/s en obturation électronique en Raw de pleine définition. Les modes C30 (30 i/s), C60 (60 i/s) et C120 (120 i/s) des Z 8 et Z 9 sont également présents. Ils se limitent toujours à un enregistrement en Jpeg, les 120 i/s n’étant par ailleurs accessibles qu’au travers d’un recadrage DX (APS-C) réduisant la définition des photos à 10,5 Mpx. Le Z6III ne profitant pas de la technologie Dual Stream des Z 8 et Z 9, un très léger black-out est en revanche visible en rafale.

Le pré-déclenchement en rafale facilite les prises de vue de sujets aux mouvements imprévisibles.
Le pré-déclenchement en rafale facilite les prises de vue de sujets aux mouvements imprévisibles. © Pascale Brites / Capital

La grande rapidité du capteur et du processeur permettent également au Z6II de proposer de hautes cadences en vidéo avec notamment un enregistrement Raw 6K 60p en interne, ainsi qu’en 5,4K 60p et en 4K 120p moyennant un recadrage au format APS-C.

Qualité d’image : une bonne dynamique mais un bruit coloré (4/5)

De son capteur 24x36 à la définition contenue, le Z6III tire profit pour offrir d’agréables flous de profondeur de champ et une dynamique confortable. Nos tests en laboratoire ont montré une bonne capacité à récupérer des détails dans les hautes lumières jusqu’à 3 IL de surexposition, tandis que les sous-expositions sont très bien gérées sans variations de colorimétrie.

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L’exposition est toujours très juste, la balance des blancs automatique fiable et la colorimétrie très agréable. De plus, l’appareil gère plutôt bien les montées en haute sensibilité. Le bruit est très contenu jusqu’à 6 400 ISO. Au-delà, il devient très présent mais montre surtout une coloration très disgracieuse. Il faut alors impérativement travailler en Raw pour appliquer un traitement spécifique en postproduction. D’autant plus que les Jpeg ne font guère mieux en termes de bruit et présentent un affaiblissement prononcé des couleurs.

Autonomie : le point faible du Z6III (3/5)

Processeur gourmand et viseur lumineux ont une incidence marquée sur la consommation électrique du Z6III. Il exploite la même batterie EN-EL15c que les Z 6II, Z 8 et Z f, mais elle n’offre qu’une autonomie de 380 vues au viseur, ce qui n’est pas suffisant pour s’engager sereinement dans un reportage, une journée de mariage ou pour voyager sans avoir à constamment se soucier des solutions pour la recharger.

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Nikon a le bon goût de rendre son appareil compatible avec les batteries EN-EL15b et EN-EL15a de ses précédents modèles – si bien que si vous avez conservé celle de votre reflex, il y a de grandes chances qu’elle puisse vous servir de batterie de secours, même si sa puissance est moindre – mais mieux vaut donc envisager l’achat d’une seconde batterie. Voire l'acquisition du grip MB-N14 proposé en option pour 400 € environ. Ce qui alourdit néanmoins une facture qui ne cesse de croître puisque le Z6III est déjà proposé 800 € plus cher que le Z 6II au moment de sa sortie…

Gamme optique : un choix pléthorique (5/5)

Depuis le lancement de ses premiers hybrides 24x36 en monture Z en 2018, Nikon n’a eu de cesse de faire croître son offre d’objectifs qui se compose aujourd’hui de plus de quarante références. Très longues focales jusqu’à 800 mm, ouvertures généreuses f/1,2, zooms ou focales fixes accessibles, l’offre est pléthorique et répond à pratiquement tous les besoins sachant que d’autres fabricants, à l’instar de Tamron qui propose à ce jour six objectifs en monture Z, assurent un complément intéressant en termes de spécifications ou de tarif.

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La bague d’adaptation FTZ II permet en outre d’associer des objectifs de reflex en monture Nikon F au Z6III. Mais songez tout de même que pour profiter de ses performances autofocus, un modèle doté d’une motorisation rapide est nécessaire.

Réparabilité : toujours pas d’indice en photo

Le matériel photo n’étant à ce jour pas concerné par les directives européennes sur l’indice de réparabilité des produits, il n’est pas possible de se prononcer sur la capacité du Z6III à être remis en état en cas de panne ou de casse de l’un de ses composants. Néanmoins, le matériel photo est en général hautement réparable et le Z6III profite d’une garantie de conformité et contre les vices cachés d’un an à partir de la date d’achat qui peut être étendue sur une durée plus longue par certains revendeurs. Elle n’est valable qu’au niveau européen et ne pourra pas s’appliquer si vous avez acheté votre appareil hors de cette zone.

Hors période de garantie, Nikon s’engage à fournir des pièces détachées pendant une durée de sept ans minimum après la commercialisation du produit.

Les alternatives au Nikon Z6III chez la concurrence

Sony Alpha 7 IV

Canon EOS R6 II

Conclusion

D’une grande polyvalence, le Nikon Z6III répond aussi bien aux besoins des vidéastes que des photographes en quête d’un appareil photo taillé pour les reportages, même sportifs. Sans atteindre les tarifs des modèles plus haut de gamme équipés de capteurs stacked onéreux, il n’en propose pas moins une obturation électronique au rolling shutter discret et une rafale rapide. Nous avons aimé sa prise en main, sa richesse fonctionnelle et son viseur confortable, auquel s’ajoute un écran orientable grâce à une charnière centrale.

En revanche, sa batterie présente une faible autonomie, son menu est un peu crispant et le bruit en haute sensibilité est disgracieux. Surtout, son tarif est élevé, ce qui n’en fait plus vraiment le modèle accessible qu’était le Z 6II. Ce dernier est encore proposé à la vente par Nikon à un tarif revu à la baisse et sera peut-être une alternative maline.

  • Design : 4,5/5
  • Connectique : 4,5/5
  • Ergonomie : 4/5
  • Fonctionnalités : 5/5
  • Réactivité et autofocus : 4,5/5
  • Qualité d'image : 4/5
  • Autonomie : 3/5
  • Gamme optique : 5/5
  • Réparabilité : x/5

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