
Savez-vous réellement à quoi sert réellement l’argent prélevé sur votre bulletin de salaire ? Il est souvent difficile de répondre à cette question tant les fiches de paie restent difficilement compréhensibles pour une grande majorité des salariés français. Alors pour y voir plus clair, l’Institut de la Protection Sociale (IPS), premier think tank consacré à la protection sociale en France, a mené une vaste étude sur le financement du système de protection sociale français. Elle révèle notamment que plus les revenus d'un actif augmente, plus les cotisations prélevées sur son salaire servent à financer la solidarité nationale, sans lui ouvrir pour autant des droits supplémentaires.
Pour débuter, précisons qu’en France, une partie du salaire brut d’un salarié sert à financer la protection sociale. L’employeur verse également des cotisations sociales via les charges patronales. Ces prélèvements servent notamment à financer le système de santé, les retraites, l’assurance chômage, les allocations familiales ou encore les minimas sociaux. Une partie des ces cotisations ouvrent des droits spécifiques pour le salarié, proportionnels au montant de ses versements. C’est ce que l’IPS appelle les «cotisations productives». On parle ici par exemple des cotisations pour la retraite, l’assurance chômage ou encore la prévoyance santé.
L’autre part des cotisations sert à financer «les taxes sociales», selon le terme utilisé par l’IPS, également appelé «cotisations improductives». Il s’agit des prélèvements obligatoires qui ne créent pas de droits personnels pour le salarié : que vous en payez peu ou beaucoup, vos prestations restent les mêmes.
30% de taxes sociales prélevées sur les salaires en moyenne
L’étude de l’IPS révèle ainsi que la part des taxes sociales prélevées sur les salaires bruts des hauts revenus est bien plus élevée que pour les revenus plus modestes. En effet, en moyenne, plus de 30% des cotisations versées n’ouvrent aucun droit supplémentaire aux salariés qui les versent. Mais cette proportion approche les 50% pour les salariés les mieux rémunérés. «Cette évolution, qui n’a jamais été clairement assumée par l’Etat, entretient un sentiment de flou chez les Français, et de déconnexion entre leurs efforts contributifs et leurs droits», alerte Bruno Chrétien, président de l’IPS.
Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’une employé rémunéré 30 000 euros brut par an. Sur le total des cotisations sociales prélevées sur le salaire de notre actif (salariales et patronales), environ 70% sont estimées comme productives, et lui ouvrent donc directement des droits, et 30% environ sont considérées comme des taxes sociales. La majorité des cotisations lui bénéficie donc directement.
En revanche, pour les hauts salaires, c’est l’inverse. Selon les calculs de l’IPS, 67% des cotisations prélevées sur les revenus d’un salarié rémunéré 500 000 euros brut par an sont considérées comme des taxes sociales, contre 33% de cotisations productives. Pour un actif rémunéré 1 000 000 d'euros brut par an, le taux de taxe sociale atteint même 79% du total des cotisations.



















