Près de 70%. C’est la part de salariés qui envisagent désormais d’évoluer professionnellement dans les deux prochaines années. Soit 4 points de plus qu’en juillet 2023, d’après une enquête* réalisée par l’Ifop pour Avenir Actifs, l’opérateur du service public Mon conseil en évolution professionnelle (Mon CEP), et dont les résultats ont été publiés le 7 octobre dernier. Parmi ces salariés avides de changement, une grande majorité songe même à évoluer professionnellement dans l’année qui vient.

Mais pour réussir son projet, «la règle d’or, c’est l’anticipation», prévient Fatène Salhi, directrice de projet CEP pour Avenir Actifs, dont la branche Ile-de-France sera présente, le 14 novembre 2024, au salon Nouvelle vie pro dont Capital est partenaire cette année. Pour les salariés et travailleurs indépendants en activité et qui souhaitent se reconvertir, une première étape - trop souvent oubliée - est essentielle : la consultation d’un conseiller en évolution professionnelle. Il s’agit d’un service public d’accompagnement professionnel gratuit, délivré par plusieurs opérateurs nationaux représentant les différentes catégories d’actifs en France.

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Cinq types d’opérateurs interviennent donc pour mettre en œuvre le CEP :

  • France Travail (ex-Pôle emploi) pour les demandeurs d’emploi ;
  • l’Apec pour les salariés au statut cadre ;
  • les missions locales pour les jeunes de moins de 26 ans ;
  • Cap emploi pour les travailleurs handicapés ;
  • plusieurs opérateurs, réunis sous la bannière «Avenir Actifs», s’occupent des salariés et des travailleurs indépendants.

Le conseil en évolution professionnelle, «une porte d’entrée pour tous vos projets»

Pour les freelances et, surtout, les salariés en poste, le CEP leur permet de réfléchir, «dans une sphère privée et détachée de l’entreprise, à un projet de transition de carrière et à leur parcours professionnel», signale Sébastien Van Dyk, le directeur général de ManpowerGroup Talent Solutions, division consulting et solutions RH de ManpowerGroup chargée de délivrer le service du conseil en évolution professionnelle au nom d’Avenir Actifs. En 2023, près de 180 000 salariés et travailleurs indépendants ont été accompagnés dans le cadre du conseil en évolution professionnelle en France. Soit 13% de plus qu’un an plus tôt. Mais ce service est «encore insuffisamment connu» des Français, regrette l’expert. Pourtant, le conseil en évolution professionnelle est «une véritable porte d’entrée pour tous vos projets», insiste-t-il.

Que ce soit pour un changement radical dans votre vie professionnelle ou une plus «simple» évolution dans votre entreprise, le CEP peut répondre à vos interrogations. «Vous pouvez faire un point à 360 degrés sur votre transition», confirme Sébastien Van Dyk, selon qui le CEP peut aussi «simplement servir à passer la prochaine étape au sein de votre entreprise, dans le cadre d’une promotion par exemple. Il peut ainsi vous donner certains éléments de langage pour vous aider à formuler une demande et vos prétentions auprès de votre manager ou de votre DRH».

Dans ce cadre, l’accompagnement gratuit peut aller jusqu’à 5 ou 6 rendez-vous avec un conseiller qui vous suit tout du long et vous partage toutes les informations nécessaires et adaptées à votre projet. «Le CEP permet d’éviter de rester bloqué seul face à certains freins, de clarifier votre situation, de faire un point sur vos préoccupations et vos souhaits et de véritablement co-construire un projet professionnel. Il permet aussi de redéfinir vos priorités, de vous apporter d’autres sources d’informations, d'analyser vos opportunités sur un territoire donné, de vous donner confiance dans votre projet, de mettre en place un programme d’évolution», décrit le directeur général de ManpowerGroup Talent Solutions. En clair, ce service vous donne «tous les outils qui vous permettront de faire le lien entre là où vous êtes aujourd’hui et là où vous serez après votre projet», poursuit l’expert. Pour résumer, grâce au CEP, «vous êtes accompagné pas à pas, vous n’êtes pas isolé dans votre démarche, vous ne prenez aucun risque en allant le voir, et il s’agit d’un service près de chez vous, de qualité, avec des rendez-vous disponibles rapidement», synthétise Fatène Salhi.

Le bilan de compétences, un outil incontournable pour lancer un projet de reconversion

Parmi les outils à activer en amont de votre projet de reconversion, le CEP peut d’ailleurs vous recommander de réaliser un bilan de compétences. Si vous êtes en activité salariée ou indépendante, ce dispositif, payant, vous permet d’identifier concrètement les nouveaux parcours de carrière dans lesquels vous pourrez vous épanouir professionnellement. «On se fonde systématiquement sur le savoir-faire et le savoir-être acquis par la personne accompagnée dans le cadre de ses expériences professionnelles et auxquels elle ne pense pas toujours», précise Sixtine Trocheris, co-fondatrice de Même pas cap, une start-up familiale créée en 2019 qui propose un bilan de compétences 100% en ligne et qui a déjà accompagné plus de 10 000 personnes.

Bon à savoir : vous pouvez mobiliser cet outil de manière individuelle - en utilisant par exemple votre compte personnel de formation pour le financer -, ou bien avec l’aide de votre employeur. Dans ce dernier cas, vous pouvez même réaliser le bilan de compétences sur votre temps de travail. Mais le sujet est encore tabou. «De nombreux salariés refusent d’en parler à leur employeur par peur d’essuyer un refus. Pour beaucoup, le bilan de compétences est encore associé à un changement de vie conduisant à quitter son entreprise actuelle, alors que ce n’est pas forcément le cas. Employeurs et salariés peuvent avoir intérêt à co-construire un tel projet pour garantir le bien-être en entreprise du bénéficiaire», estime la spécialiste.

Précision d’importance, en effet : un projet réussi n’est pas forcément celui qui nécessite de tout plaquer mais celui «qui enthousiasme la personne», revendique Sixtine Torchis. D’ailleurs, moins de la moitié (45%) des Français ayant mobilisé le bilan de compétences ont changé de métier à son terme, d’après une récente étude réalisée par Même pas cap. La majorité (55%) a donc connu une évolution moins radicale, comme le fait d’exercer la même profession mais dans un secteur différent, ou bien d’évoluer à un autre poste dans la même entreprise.

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Pour assurer la réussite de votre évolution professionnelle, «il faut donc prendre le temps de vous poser les bonnes questions et ainsi valider le réalisme de votre projet. Pour certains, un projet réussi peut consister à passer du salariat à une activité indépendante ou inversement, à cumuler un emploi stable à temps partiel avec une autre activité passion ou, plus simplement, à changer d’entreprise», énumère Sixtine Trocheris. Pour preuve, on retrouve parmi les personnes accompagnées par Même pas cap une vétérinaire qui avait son propre cabinet mais ne supportait plus ses lourdes conditions de travail et qui a donc décidé d’exercer le même métier, mais en tant que salariée dans un abattoir. «Le fait d’avoir des horaires fixes lui permet d’avoir un meilleur équilibre entre sa vie pro et sa vie perso», atteste la co-fondatrice de la start-up.

L’objectif avec le bilan de compétences, c’est donc d’«adapter son métier à sa vie», met en avant Sixtine Torchis. Même si, bien évidemment, cet outil permet aussi parfois de prendre un virage à 180 degrés dans sa carrière. Autre exemple de bénéficiaire de l’accompagnement de Même pas cap : un ancien manager d’un service clients d’une entreprise d’outillage qui rêvait de piloter des avions depuis son enfance. En attendant le début de sa formation au Canada, identifiée grâce à l’accompagnement dont il a profité avec son bilan de compétences, il occupe un poste de bagagiste dans un aéroport lui permettant d’évoluer dans un milieu qui le passionne. Mais attention. Si de telles évolutions peuvent faire rêver, il ne faut pas non plus vous précipiter vers ce dispositif. «Il faut, pour se lancer dans un bilan de compétences et donc concrétiser le démarrage d’un projet de reconversion, être au clair avec ses envies. Pour un salarié qui aurait fait un burn-out ou qui se serait fait licencier, il vaut donc mieux parfois prendre le temps d’aller mieux avant de s’engager dans un bilan de compétences», recommande Sixtine Trocheris.