Ils étaient nombreux le 31 mai dernier à célébrer la victoire du Paris-Saint-Germain en finale de la Ligue des champions. Au-delà de l’exploit sportif, Luis Enrique, l’entraîneur du club, a donné aux 11,5 millions de Français devant leurs écrans ce soir-là une leçon de résilience, en direct de Munich.
Une leçon qui, à l’occasion de la semaine de la Qualité de vie et des conditions de travail (QVCT), du 16 au 20 juin, dont le thème cette année est «Parler du travail, c’est productif !», peut facilement se transposer dans le monde du travail. Car que nous dit la première victoire française dans cette compétition depuis 1993 ? Que face à l’adversité, sur un terrain de sport comme en entreprise, nous sommes toujours plus forts à plusieurs que seuls. Même lorsque l’on est l’un des meilleurs joueurs du monde ; ou un dirigeant, manager ou salarié particulièrement performant.
La France championne d’Europe des dépressions liées au travail
A l’heure où la France se positionne comme la championne européenne des dépressions liées au travail, comme l’indique une étude scientifique internationale publiée en avril dernier, commandée par l'Institut syndical européen (le centre de recherche et de formation de la Confédération européenne des syndicats), il semble donc plus que jamais primordial de retenir cette exhortation.
Ne serait-ce que pour des raisons économiques. Les travaux ont porté sur les cinq principaux facteurs favorisant les risques psychosociaux (RPS) au travail : la pression, le temps (celui qui manque pour accomplir ses missions, mais aussi celui trop important consacré à ses activités professionnelles), la balance entre les efforts fournis et la récompense perçue, l'insécurité de l'emploi et, bien sûr, le harcèlement moral. Il apparaît que les dépressions provoquées par l'exposition à des risques psychosociaux au travail coûteraient chaque année en Europe jusqu’à 100 milliards d’euros.
Les salariés travaillant dans un environnement exposé aux facteurs décrits ci-dessus sont davantage exposés au stress et à la surcharge de travail, aux violences internes à l'entreprise (comme le harcèlement ou les conflits), mais aussi aux menaces externes (insultes, agressions, etc.). Sachant qu’une exposition répétée à ces risques peut avoir des conséquences lourdes sur leur santé, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, d’affections psychiques, d’épuisement professionnel (burn-out), voire de suicide.
S’attaquer aux origines du mal
Face aux risques psychosociaux, la tentation première des entreprises est d’orienter leurs salariés vers une réponse individuelle. Un choix bien pratique pour ne pas voir les failles de leurs propres organisations. Chacun dans sa bulle peut choisir, qui des cours de yoga, qui de la sophrologie, quand d'autres participeront à des ateliers, suivront des formations, au sein de leurs propres structures ou à l’extérieur. Des démarches vertueuses… mais pas suffisantes. S’attaquer au mal sans tenir compte de son origine ne permet pas de s’en affranchir.
Plutôt que de laisser libre cours à une somme d’individualités, aussi brillantes soient-elles, cherchons donc d’abord à construire dans chaque organisation, chaque entreprise, un collectif œuvrant pour une œuvre commune. Cela commence par le dialogue, horizontal entre collègues, vertical avec la hiérarchie, en n’hésitant pas à faire remonter les problématiques vers la direction. Pour créer in fine une meilleure cohésion. Dans le sport, elle permet d’aborder une compétition dans les meilleures conditions. En entreprise, elle peut également servir de rempart face aux risques psychosociaux, en forte croissance ces dernières années.
Le développement de l’Intelligence artificielle, et son pendant, l’automatisation, bouleversent en effet - parfois brutalement - l’activité économique et industrielle. Et si ces technologies permettent de conséquents gains de productivité, elles brouillent également les pistes. Que l’intelligence collective peut contribuer à rendre à nouveau plus claires.
