
La lutte contre les fraudeurs s’intensifie. Ce jeudi 4 septembre 2025, la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin s’est déplacée à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris pour la présentation des nouveaux outils mis à disposition des agents pour lutter contre la fraude sociale. «Nous avons un modèle social basé sur la solidarité intergénérationnelle, qui permet de répondre aux besoins de santé de nos concitoyens, a déclaré Catherine Vautrin. Frauder, c’est trahir ce modèle. Les fraudeurs mettent ce système en péril, la lutte contre ce fléau doit concerner tout le monde.»
Confrontés à des fraudeurs qui utilisent des outils numériques toujours plus sophistiqués pour tenter d'arnaquer l’assurance maladie, les agents de la CPAM organisent la riposte en se dotant d’une nouvelle arme. Ces derniers expérimentent en effet un logiciel, qui utilise l'intelligence artificielle (IA) afin de détecter d'éventuelles fraudes. L’outil, utilisé depuis le mois d'août dernier, est actuellement en test sur les facturations de matériels auditif et optique, deux secteurs particulièrement concernés par la fraude.
Concrètement, le logiciel est capable d’analyser des documents suspects, comme des ordonnances ou des arrêts de travail, transmis aux agents suite à des signalements. Ensuite, chaque document se voit attribuer un niveau d’alerte allant de 0 à 100, en fonction du montant du préjudice potentiel pour l’Assurance maladie. Le logiciel peut en effet estimer grâce à l'IA le montant de la fraude que pourrait générer un document falsifié. Cela permet aux agents de prioriser les dossiers afin de déclencher éventuellement des investigations plus poussées, pour savoir si la fraude est avérée. Dans les cas les plus graves, la police judiciaire peut être mobilisée pour tenter de démanteler des réseaux de fraudes organisées.
34 millions d’euros de fraudes détectés en 2024 à Paris
Depuis le début de l’expérimentation, l’outil à déjà permis de détecter 125 cas de fraude, pour des préjudices qui peuvent parfois atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros par dossier. «Ce logiciel est un nouveau levier qui va nous permettre de lutter encore plus efficacement contre la fraude, annonce Raynal Le May, directeur général de la CPAM de Paris. Nos moyens engagés sont de plus en plus importants, puisqu’en Ile-de-France, nous sommes passés de 147 agents chargés de lutter contre la fraude en 2021 à 237 en 2025.»
Des moyens humains de lutte contre la fraude également renforcés à Paris avec la mise en place depuis quelques mois d’un nouveau pôle interrégional d’enquêteurs judiciaires (PIEJ). Constitué de 11 enquêteurs judiciaires aux profils variés, il a pour objectif de repérer les fraudes «cyber», avec des investigations réalisées sur Internet et des opérations d’infiltration effectuées pour repérer les trafics de fausses ordonnances. Le PIEJ a également pour mission d’enquêter sur les fraudes complexes et à fort enjeu financier. Il dispose aussi du pouvoir judiciaire, impliquant une collaboration étroite avec les services de police, gendarmerie et justice.
Selon les données de l’Assurance maladie, cette montée en puissance de la lutte anti-fraude a permis à la CPAM de Paris de détecter 38 millions d’euros de fraude en 2024. Dans le détail, les pharmaciens sont les professionnels de santé les plus touchés par ce phénomène, avec un préjudice estimé à 12 millions d’euros par an. Les escrocs facturent par exemple des quantités de médicaments supérieures à celles délivrées, ou des dispositifs médicaux non délivrés. Les prothésistes sont également particulièrement concernés par la fraude (10 millions d'euros de préjudice en 2024), tout comme les assurés, dont certains utilisent de faux arrêts de travail ou de fausses déclarations de ressources.

















