Les travailleurs les plus modestes paient le prix fort pour leurs dépenses de santé. C’est le principal enseignement d’une étude publiée par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Pour parvenir à ce constat, les data scientists ont calculé le coût total des dépenses de santé des ménages, selon leur niveau de revenus. Ce taux d’effort comprend notamment le reste à charge du coût des soins et médicaments, la prime d’assurance versée aux complémentaires santé mais aussi les prélèvements obligatoires finançant l’assurance. Tous les ménages contribuent en effet au financement de l’assurance maladie via les cotisations sociales (CSG) ou encore les taxes à la consommation (TVA).

Premier enseignement de l’étude, en 2019, date des dernières données disponibles, le total des dépenses de santé représentait en moyenne 15% du revenu des ménages français. Cela correspond à un coût annuel de 6 800 euros par an, contre 4 400 euros en moyenne pour l’alimentation par exemple. Mais si le code de la Sécurité sociale stipule que «chacun contribue, en fonction de ses ressources, au financement de la protection sociale», la réalité est bien plus contrastée.

«Des dépenses de santé élevées mal couvertes, notamment en dentaire»

En effet, l’enquête démontre que le poids de la santé dans les revenus varie sensiblement selon les ménages. Selon la Drees, les dépenses de santé représentent seulement 7% des dépenses totales du ménage pour les 10% de familles pour lesquelles elle pèse le moins dans le revenu. A l’inverse, le taux d’effort atteint 23% pour les 10% de ménages qui consacrent le plus de revenus aux dépenses de santé. Un chiffre qui grimpe même à 34% pour 1% des ménages qui contribuent le plus. Et «parmi le 1% de ménages pour lesquels la santé pèse le plus dans le revenu, les trois quarts sont en effet modestes. Ces ménages sont en général confrontés à des dépenses de santé élevées mal couvertes, notamment en dentaire, ou ont des revenus faibles dans lesquels les primes et restes à charge prennent un poids important», explique l’étude.

Dans le détail, les actifs en emploi sont surreprésentés parmi les 10% de ménages pour lesquels le coût de santé a le poids le plus élevé dans leur budget. lls constituent les trois quarts de ces ménages. Et tandis que la part des dépenses de santé dans le revenu augmente en moyenne avec le niveau de vie pour les actifs en emploi, il diminue pour les retraités. Si les dépenses de santé pèsent autant dans le budget des actifs, c’est parce que les salariés et indépendants contribuent davantage au financement de l’assurance maladie obligatoire que les autres ménages. Des cotisations maladies sont en effet retenues sur leur revenus d’activité, qui s’ajoutent à la CSG et aux taxes sur la consommation. Pour cette même raison, la part du budget consacré aux dépenses de santé est moins élevée pour les retraités (taux d’effort de 11%) que pour l’ensemble des actifs (18%).