
La première étape avec d’opter pour le choix d’une structure est certainement une des plus difficiles : anticiper un volume ou un chiffre d’affaires prévisionnel. Prenez le temps de bien estimer votre chiffre d’affaires potentiel en vous appuyant sur une étude de marché solide et des hypothèses réalistes. «Testez votre offre sur un échantillon de clients (particulier, associations, entreprises, etc.) et élaborez plusieurs scénarios de ventes pour ajuster efficacement vos prévisions de CA», conseille Valérie Michel dans Le Guide complet de la microentreprise (Éditions Eyrolles, 2023).
Identifiez vos concurrents, les acteurs déjà présents sur votre segment et positionnez-vous par rapport à eux (niveau de prix, gamme de produits ou de services, spécificités). Cette comparaison vous aidera à estimer un volume de ventes réaliste, en envisageant plusieurs scénarios : un scénario optimiste, un scénario intermédiaire et un scénario pessimiste.
« Anticiper la saisonnalité de l’activité et le comportement de la clientèle est crucial pour établir un prévisionnel de chiffre d’affaires réaliste en auto-entreprise», ajoute Lucie Caron, (Devenir microentrepreneur, Éditions Lextenso, 2022).
Autre élément à prendre en compte dans le choix du statut, les investissements nécessaires, la protection sociale souhaitée et la réglementation applicable au métier exercé. Une fois ces critères définis, il devient plus facile de sélectionner le statut le mieux adapté. Attention aux choix hâtifs dictés par la seule simplicité administrative. En d’autres termes, si la microentreprise séduit par sa flexibilité et sa fiscalité allégée, notamment en matière de TVA, elle n’est pas toujours la meilleure solution à long terme.
La microentreprise : une porte d’entrée idéale pour se lancer
En microentreprise, les cotisations sociales sont calculées directement sur le chiffre d’affaires encaissé et couvrent l’assurance maladie, la retraite, les allocations familiales ainsi que la CSG et la CRDS. Les taux varient selon l’activité : environ 12,8 % pour la vente de marchandises (BIC) et 22 % pour les services, qu’ils relèvent des BIC ou des BNC (bénéfices non-commerciaux). Il est aussi possible d’opter pour le versement libératoire de l’impôt sur le revenu en ajoutant un pourcentage (1%, 1,7 % ou 2,2 %) à ces cotisations.
Par ailleurs, certains créateurs bénéficient de l’ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise), qui permet une réduction temporaire des cotisations sociales sous certaines conditions. Les déclarations et paiements se font chaque mois ou chaque trimestre via le portail de l’URSSAF, sans déduction de charges réelles, car le calcul repose exclusivement sur des taux forfaitaires.
«Ce statut convient particulièrement aux activités intellectuelles, comme rédacteur web, consultant, coach, ou formateurs, etc. ou aux prestations de services à faibles coûts fixes», explique Monique Sentey, auteure du livre Le Petit Microentrepreneur (Dunod 2024).
Cependant, ce régime présente des inconvénients notables. D’abord, il impose un plafond de chiffre d’affaires relativement bas : au-delà de 77 700 euros pour les prestations de services et 188 700 euros pour les activités de vente, il faut basculer vers un autre statut. Même si une tolérance permet de dépasser ses seuils pendant deux ans consécutifs.
Ensuite, il ne permet pas de déduire les charges professionnelles, ce qui le rend peu adapté aux métiers nécessitant d’investir dans du matériel coûteux ou des frais de fonctionnement importants, comme coiffeur à domicile, VTC ou artisan du bâtiment. Même si le système des débours, qui correspondent aux sommes que le professionnel paye à un tiers (par exemple des billets de train ou des frais d’hébergement pour un consultant qui se rend chez son client), au nom et pour le compte du client, de manière transparente, permet d’éviter l’intégration de certains frais dans le chiffre d’affaires. Enfin, il n’offre aucune protection en cas de cessation d’activité, contrairement aux statuts salariés.
L’EURL et la SASU : des statuts plus solides pour une activité en croissance
Lorsque l’activité se développe, ou dès lors que des investissements sont nécessaires, la création d’une entreprise unipersonnelle devient souvent une nécessité. Deux options se démarquent : l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle).
Dans Entrepreneurs, choisissez le bon statut ! , Guy Dessut explique que «l’EURL convient aux indépendants qui veulent limiter leur responsabilité tout en restant travailleurs non-salariés. La SASU offre plus de souplesse, notamment pour ceux qui envisagent un développement futur.» La différence principale entre ces deux statuts réside dans le régime social du dirigeant. L’EURL impose le régime des travailleurs non-salariés, qui offre des cotisations sociales moins élevées mais une protection plus limitée. La SASU, en revanche, permet de cotiser au régime général, plus protecteur mais plus coûteux.
Ces statuts sont particulièrement adaptés aux activités nécessitant des investissements ou des charges importantes. Un chauffeur VTC, par exemple, doit pouvoir amortir son véhicule et déduire ses frais d’essence et d’entretien, ce qui est impossible sous le régime de la microentreprise. Un plombier ou un artisan a besoin de matériel coûteux et doit pouvoir répercuter ces coûts sur ses comptes. Un e-commerçant, qui gère du stock et investit dans du marketing, ne pourra pas non plus se contenter du régime micro.
Les métiers à statuts spécifiques
Certains secteurs sont soumis à des réglementations précises qui imposent des statuts particuliers. C’est notamment le cas des journalistes, qui ne peuvent pas exercer sous le régime d’auto-entrepreneur pour leur activité principale, en raison de la présomption de salariat imposée par le Code du travail. Ils peuvent toutefois cumuler ce statut avec une autre activité. Les agents immobiliers indépendants doivent s’inscrire au Registre Spécial des Agents Commerciaux (RSAC) et peuvent choisir entre la microentreprise et la SASU selon leur volume d’affaires. Quant aux détectives privés, ils doivent obtenir une autorisation du CNAPS et ne peuvent exercer qu’en EURL ou en SASU.
Frédérique David, dans Je suis auto-entrepreneur !, conclut en insistant sur un point : «L’auto-entreprise est un tremplin, pas une finalité. Dès que l’activité décolle, il devient indispensable d’adopter un cadre plus structurant.» Beaucoup d’entrepreneurs font l’erreur d’attendre trop longtemps avant de passer à une structure plus adaptée, ce qui peut nuire à leur développement.
Opter pour une bonne couverture sociale
En matière de santé et de prévoyance, les auto-entrepreneurs cotisent au régime général mais avec une couverture limitée. Pour prendre en charge de façon complète les frais médicaux, une mutuelle santé est essentielle (40 à 80 euros/mois chez Wemind ou Alan). En cas d’arrêt de travail, la prévoyance (comptez 30 à 100 euros/mois chez APICIL ou MAIF ) compense la perte de revenus, les indemnités journalières étant très faibles.
L’assurance accident du travail, facultative, permet une indemnisation en cas d’accident professionnel (20 à 50 euros/mois via la Sécurité sociale). Pour éviter une retraite insuffisante, un plan d’épargne retraite (PER) comme ceux de Linxea ou AXA (50 à 200 euros/mois) est recommandé. Une protection complète pour un indépendant qui gagne 2 000 euros par mois représente 140 à 400 euros par mois, un coût nécessaire pour sécuriser son activité et son avenir.
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