
Le pont de toutes les démesures ? Ou le pont de la discorde ? Depuis plusieurs décennies, le rêve d’un pont reliant la Sicile au sud de la botte italienne s’est transformé en serpent de mer, rapportent Les Echos. Pour des raisons diverses et variées, son coût principalement, mais également des dangers environnementaux et géologiques (risques sismiques) ou encore le risque d’infiltrations mafieuses. Dans l’opposition politique, comme le chef du groupe du Parti démocrate à la commission Transports du Parlement, on dénonce depuis des années «un gaspillage colossal avec des milliards d'euros dépensés pour une œuvre inutile».
Car il faut dire que la construction de ce pont, appelé «ponte sullo Stretto» (le pont sur le détroit), coûterait pas moins de 13,5 milliards d’euros, soit un budget qui a explosé, multiplié par trois par rapport aux projections initiales. Et si Silvio Berlusconi avait mis en place une société pour ouvrir le chantier, son successeur avait abandonné l’idée. Mais ce pont devrait finalement voir le jour, indiquent nos confrères, confirmant l’obsession de Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres et ministre des Infrastructures et de la Mobilité durable, de mener à terme le projet.
23,1 milliards d’euros pour le PIB national
Selon Les Echos, le gouvernement de Giorgia Meloni a donné son accord définitif, «une page historique», a décrété Matteo Salvini. Car ce projet va permettre de «construire le plus long pont suspendu au monde», dans le détroit de Messine. Ce chantier «représentera une partie de la résolution des problèmes du Mezzogiorno et un facteur de croissance pour le pays», a mis en avant le vice-Premier ministre. Le gouvernement annonce en effet des chiffres colossaux sur ce projet : plus de 36 700 emplois, dix milliards d’euros de recettes fiscales ou encore 23,1 milliards d’euros pour le PIB national.

Deux voies ferrées, six voies de circulation
Malgré le gigantisme du projet, le sous-secrétaire à la présidence du conseil prévoit une livraison à l’horizon 2032, soit dans moins de sept ans… Le contractant du projet pourrait être de nouveau Eurolink, celui qui avait remporté l’appel d’offres en 2006. Mais là encore, les chiffres donnent le tournis : deux câbles jumelés tendus entre deux tours hautes de 400 mètres, une portée suspendue de 3 300 mètres avec la promesse de rejoindre les deux rives en une demi-heure. Deux voies ferrées sont prévues au centre, entourées de trois voies de circulation de chaque côté.
Selon Giorgia Meloni, ce pont, dont le coût est classé comme une dépense de défense, permettrait de porter à 5% du PIB ses dépenses militaires. Une manière de répondre à Trump ? Bruxelles pourrait-elle remettre en cause ce vaste projet comme cela avait été le cas dans les années 2000 eu égard aux préoccupations environnementales ? Quid du plan de relance européen réclamé par l'Association nationale italienne des constructeurs en bâtiments ? La polémique n’a pas fini d’enfler.



















