
C'est un bon filon qui ne semble pas près de s'épuiser. En 2024, l'or a figuré parmi les meilleurs placements de l'année (juste derrière le Bitcoin), avec une flambée de 34% de sa valeur. Volant de record en record, l'once d'or - 31,1 grammes - s'est hissé à un nouveau point haut historique mercredi 16 avril à 3 317,75 dollars l’once (en euros, l'once a tutoyé les 2 950 euros ce jeudi 17 avril). Soit une progression de plus de 25%, en dollars, depuis le 1er janvier. Soit bien mieux, pour l'heure, que des placements affectés par le marasme boursier des droits de douanes, comme le S&P 500 (-9,8% depuis le début de l'année), ou le Bitcoin (-17%).
Dans ce contexte très incertain, le cours de l'or peut-il continuer à grimper, après une année déjà record en 2024 ? Pour Ignacio Sainz Iglesias, directeur général délégué chez VeraCash, «les besoins en or au niveau mondial ne faiblissent pas, alors que la quantité disponible est limitée». Un différentiel entre l'offre et la demande qui fait mécaniquement grimper le prix du métal précieux. Et cette ruée vers l'or ne devrait pas faiblir jusqu'à la fin de l'année, car trois facteurs devraient continuer à alimenter la demande.
L'or reste un métal précieux très demandé à l'échelle du globe
D'abord, les achats de la part des Banques centrales, «en particulier du côté des pays émergents, qui essaient ainsi de réduire leur dépendance au dollar américain, en le remplaçant par l'or», explique Ignacio Sainz Iglesias. Une stratégie notamment appliquée par la Chine : «Avec moins de 6% de ses réserves de change en or, l’allocation de la Chine reste relativement faible par rapport aux autres grandes puissances économiques. Elle devrait ainsi continuer à acheter de l’or en grandes quantités dans les années à venir», détaille Nitesh Shah, responsable des matières premières et de la recherche macroéconomique chez WisdomTree, dans ses perspectives 2025 pour l'or.
Ensuite, le cycle de baisse des taux directeurs entamé par la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait également doper la demande d'or. En effet, quand les taux baissent, la rémunération des produits sans risque (livrets, comptes à terme) diminue, ce qui pousse les épargnants vers d'autres placements considérés sans risque, tels que l'or. Enfin, le maintien de tensions géopolitiques à l'échelle du globe pourrait aussi jouer en sa faveur. On pense en particulier à l'instauration des nouveaux tarifs douaniers par Donald Trump, qui renforcent un climat d'incertitude favorable à un actif tel que l'or.
En outre, si les droits de douanes devenaient durablement plus élevés, cela «devraient pousser les prix à l’importation et donc générer de l’inflation pour le consommateur final, [ce qui] risque de ralentir la croissance, et de renforcer l’attrait du métal jaune», remarquait le Comptoir national de l'or, dans son rapport mensuel de janvier 2025. Or, l'inflation est aussi propice au métal jaune : quand les prix grimpent, l'or devient en effet une valeur refuge, car les investisseurs considèrent que sa valeur restera la même - voire augmentera - avec les années, tandis que la valeur de leur patrimoine, elle, diminue.
Une nouvelle année à plus de 30% de hausse ?
Mis bout à bout, ces facteurs aboutissent à un relatif consensus sur une nouvelle progression du cours de l'or en 2025. Mais jusqu'où ? 20 des 26 analystes du London Bullion Market Association (LBMA) - association qui livre la cotation officielle de l'or - s’attendaient à voir le cours toucher ou dépasser les 3 000 dollars l’once cette année. Un record finalement battu dès le mois de mars. Aussi, les analystes ont été contraints de revoir leurs perspectives à la hausse. La banque UBS a par exemple rehaussé sa prévision 2025 à 3 500 dollars l’once, nous apprend le Comptoir national de l'or. La banque Goldman Sachs, de son côté, a relevé sa perspective de fin d'année (déjà révisée en février) de 3 300 dollars à 3 700 dollars l'once, «si les incertitudes politiques - notamment concernant les tarifs douaniers - demeurent fortes». Un cas de figure qui ferait que l'or terminerait une nouvelle fois l'année avec une performance non plus supérieure à 30%, mais à 40% (+40,47%).
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