
Comment est née cette idée du projet Sea Beyond, en partenariat avec l’Unesco, d’ouvrir un centre d’information sur la protection des fonds marins ?
Lorenzo Bertelli : Cette idée est apparue en 2019, à la suite du lancement de la collection Re-Nylon (imaginée avec du Nylon issu de plastique collecté dans les océans, NDLR). L’ouverture de ce centre est un message puissant qu’on a envie de faire passer aux générations futures. Personnellement, ces questions liées au changement climatique m’ont toujours touché. Enfant déjà, je constatais en vacances à la mer ou au ski qu’il n’y avait plus de poissons dans l’océan ou de neige à la montagne. Cela peut paraître stupide, mais au final ça vous marque.
Est-ce votre première action depuis que vous êtes chargé de la responsabilité sociale chez Prada ?
Pas la première, mais la plus audacieuse : un espace physique dédié à la protection des océans a une forte portée symbolique.
Quelle est la stratégie de développement durable de Prada ?
Avoir une éthique de travail plus en phase avec l’environnement, comprendre l’impact de nos choix sur la supply chain, et s’assurer qu’il soit le plus faible possible. Et puis répandre ce message : protéger l’environnement, ce n’est pas pour les autres ou pour une cause morale supérieure, c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour soi.
Quel est votre rôle dans tout ça ?
Rendre cette vision concrète. Chaque jour, je me confronte au réel : cette vision peut-elle exister d’un point de vue pratique, et si oui, comment ?
Que retenez-vous de votre passé de sportif ?
Cela m’a donné des outils pour performer dans mon travail. Par exemple, le sport à un niveau professionnel apprend à rester concentré. Il aide aussi souvent à se mesurer à la réalité. J’avais l’habitude de conduire à plus de 200 kilomètres-heure en pleine forêt, au risque de ma vie, ça aide à remettre les choses en perspective. Au final, on travaille pour vivre, et non l’inverse. Ma carrière sportive m’aide à me souvenir de ça.
A terme, vous serez amené à reprendre les rênes du groupe, et marcher ainsi dans les pas de vos parents, grands-parents, etc. Qu’est-ce que cela vous fait ?
Ma façon de penser, qui est aussi celle que je partage avec ma famille, est de continuer à faire de belles choses, d’y prendre du plaisir, et de ne pas se concentrer sur l’objectif final. Ma mère dit parfois que si elle pouvait s’investir dans des projets comme celui de la Fondation Prada sans vendre des sacs, elle le ferait… On se concentre plus sur le comment que sur le quoi.
Dans une époque où le luxe marque un temps d’arrêt, quelles sont vos recommandations ?
Aucun secteur n’est épargné par cette instabilité. Je n’ai pas de vrai secret, on doit juste attendre, laisser l’orage passer et faire du mieux qu’on peut pour le traverser. Parfois, il y a plus d’opportunités quand rien ne va que quand tout va bien.
Bio express
1988 : Naissance à Milan
2008 : Diplômé en philosophie par l’université San Raffaele de Milan
2010 : Débute sa carrière de pilote au rallye des 1000 Miles
2017 : Intègre le groupe Prada en tant que directeur de la communication digitale
2021 : Devient directeur executif au board du groupe
2024 : Tient le double poste de directeur marketing et responsable de la responsabilité sociale du groupe Prada
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