Soixante vaches limousines nourries à l’herbe grasse, des rangées de légumes en maraîchage et quelques dizaines d’hectares de blé, adossés à un fournil, pour cuire du pain sur place… A Denée, à un jet de bouse d’Angers (Maine-et-Loire), le projet de ferme bio de Simon Coutand paraissait bien ficelé.

«Avec mes trois associés, nous avions même réussi à mobiliser, en moins d’un mois, 685000 euros auprès des 270 personnes qui nous soutenaient, pour compléter le crédit accordé par nos banques, elles aussi prêtes à nous suivre», confie l’ingénieur agronome de 32 ans. L’argent devait servir à acquérir les 80 hectares, mis en vente dans le hameau voisin. L’occasion rêvée de mettre enfin les pieds dans la glaise pour démarrer son activité. Mais, fin septembre, ces terres qu’il convoitait avec ses partenaires lui sont passées sous le nez au profit de quatre autres agriculteurs expérimentés qui voulaient s’agrandir.

Censés être prioritaires sur l'achat de terres, les jeunes agriculteurs bio se font souvent couper l'herbe sous le pied

«Un scandale, s’insurge Alain Guiffès, le porte-parole local de la Confédération paysanne. Ceux qui ont raflé les terres possédaient déjà chacun 150 hectares en moyenne. Or, selon notre schéma directeur régional, qui fait autorité, les champs disponibles doivent être vendus en priorité aux nouveaux agriculteurs qui cherchent à s’installer.» En France, l’accès aux terres cultivables relève en effet d’une régulation assez stricte, censée stopper la spéculation foncière, favoriser l’accueil de jeunes fermiers, et lutter contre les extrêmes concentrations. De quoi, en principe, nous distinguer de pays comme la Roumanie, où des multinationales s’arrogent parfois d’un coup plusieurs dizaines de milliers d’hectares.

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