
Derrière une vitrine élégante de l’avenue de Friedland, à deux pas de l’Arc de Triomphe, Technogym redéfinit les codes du wellness. L’esthétisme des lieux détonne avec les images préconçues des salles de sport. L’ambiance ici est feutrée, teintée de quelques accents futuristes. Verre, bois, cuir : tous les codes du design de luxe sont là, au service d’équipement sportifs. «Nous avons une approche holistique du wellness, je suis persuadé que ce mode de vie est primordial pour augmenter non seulement l’espérance de vie mais surtout l’espérance de vie en bonne santé», lâche tout de go Nerio Alessandri, dans le petit salon de la boutique.
Solidement campé sur un ballon d’assise, le PDG affiche un sourire rayonnant. Et pour cause. «Chaque jour, plus de 70 millions de personnes s’entraînent avec nos équipements, dans plus de 100 000 centres de bien-être et un demi-million de foyers à travers le monde», s’enorgueillit-il. En moins de quatre ans, le géant a entamé sa bascule d’un modèle exclusivement B2B à un hybride B2C. Avec un chiffre d’affaires de 806 millions d’euros, et une croissance à deux chiffres (12,1% aux dernières nouvelles), le leader mondial du marché des équipements fitness se porte mieux que jamais. Et multiplie les partenariats exclusifs : fournisseur officiel des sept dernières éditions des Jeux olympiques, Paris 2024 inclus, collection capsule avec Dior...
Un architecte d'intérieur pour intégrer le matériel chez soi
«La priorité, c’est d’offrir une plongée immersive dans l’univers de l’entreprise», confirme Camille Balsam, Store Manager. Dès l’entrée, la clameur parisienne s’efface. Le personnel, rodé à la vente comme au coaching, s’adapte aux besoins spécifiques de chacun. «C’est assez marrant : les clients arrivent avec une idée bien précise en tête, et repartent presque systématiquement avec une commande différente», remarque-t-elle.
La compagnie va jusqu’à proposer l’intervention d’un architecte d’intérieur afin d’intégrer le matériel nouvellement acquis chez soi. C’est la solution retenue par l’entrepreneuse Kim Kardashian ou le styliste Olivier Rousteing. Avec sa gamme de solutions complètes pour le domicile, Technogym renforce un peu plus sa position de leader sur le marché.
Des machines qui allient design industriel et mouvement corporel
Comme toutes les success stories modernes, l’histoire de la marque débute dans un garage. En 1983, les images de corps bodybuildés inondent le monde. Les canons de beauté se sculptent à grands coups de fonte. Dans la province italienne d’Emilie-Romagne, Nerio Alessandri, alors âgée de 22 ans, observe d’un œil critique les machines qu’il juge «préhistoriques et dangereuses». Ici, comme dans toutes les salles de sport de l’époque, les blessures sont monnaie courante.
Le jeune ingénieur a «une vision» : allier design industriel et mouvement corporel. Pendant des mois, il s’enferme dans son garage pour en ressortir avec le Hack Squat. Un bijou d’ergonomie qu’il va lancer avec ses économies, avant d’être rapidement rejoint par son frère. En quelques années, Nerio Alessandri devient un magnat de l’industrie du wellness, un mode de vie alliant «exercice régulier, alimentation équilibrée et mentalité positive» dont il ne cessera jamais de se faire le héraut.

Technogym étend son empire aux particuliers
Figure tutélaire mondiale, il dispense ses conseils à travers des universités, chuchote à l’oreille des présidents, mais c’est au sein de son entreprise que son influence se mesure le plus directement. A Cesena, au sein du complexe de 15 000 mètres carrés, même l’agencement des bulles de réunion répond à la doctrine du PDG : des tables hautes pour des meetings debout ou des ballons en lieu et place des traditionnelles chaises et, bien entendu, une salle de sport dernier cri mise à la disposition de tous les salariés.
Depuis 2012, date de l’inauguration des lieux, la chaîne de montage approvisionne hôtels, clubs de sport, navires de croisière «et désormais particuliers», confirme Enrico Manaresi, directeur marketing. A l’origine de ce virage décisif pour l’entreprise ? «Une suite logique», répond-il. Une réaction, surtout, à la crise sanitaire du Covid ayant entraîné la fermeture de milliers de salles de sport. «Nous n’avons eu aucun mal à effectuer ce repositionnement car tout, dans nos machines, était conçu pour une utilisation intuitive. C’est la force de Technogym : son secteur R&D !», confie un cadre français de l’entreprise.

Une R&D au cœur des locaux
A Cesena, la recherche occupe une place centrale. Littéralement. Le laboratoire du docteur Silvano Zanuso, directeur du département, est au cœur des locaux. Les ingénieurs s’y succèdent. Les prototypes y sont testés en conditions réelles, grâce à des capteurs et des analyses poussées, avec l’aide d’athlètes médaillés. Sur les murs, photographies et maillots signés donnent aux lieux des airs de Hall of Fame.
«Grâce à ses partenariats avec des institutions de recherche en biomécanique, l’entreprise développe des machines à la pointe : vélos connectés, tapis de course et appareils de musculations interactifs», décrit le docteur Zanuso. Tout est conçu pour une prise en main optimale des machines. «L’arrivée de l’intelligence artificielle a été un vrai game changer pour le secteur», ajoutera plus tard un ingénieur du département digital.
Dans la salle de sport de la compagnie, un coach présente la «Technogym check-up». Le nouvel utilisateur est invité à s’y connecter et à suivre les directives afin que soit calculé son âge corporel et qu’un protocole adapté lui soit proposé. Mais la personnalisation ne s’arrête pas là. Le coach s’identifie sur une sorte de presse pectorale, aussitôt celle-ci se met en branle.
Le siège, les bras, les poids : tout s’ajuste à sa taille. «Vous êtes ainsi sûr que l’appareil est positionné de manière optimale, et que les poids ou la résistance sont calibrés selon votre programme personnalisé», détaille-t-il. Les données collectées permettent également d’affiner la conception des futures machines. Et de proposer des gammes toujours plus performantes aux consommateurs finaux, comme aux entreprises. Une stratégie win-win.
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