
Une nouvelle loin d'être anecdotique. Discrètement mais sûrement, le géant industriel chinois concepteur de trains CRRC fait son entrée sur les rails européens, rapporte BFMTV. Un espace jusque-là réservé à Alstom et Siemens Mobility. Les deux industriels se partageaient jusque-là l'essentiel du marché du vieux continent. Mais pour combien de temps ? Mercredi 12 novembre, les premiers trains construits par CRRC pour la compagnie ferroviaire autrichienne Westbahn, grâce à l'appel d'offres remporté en 2019, ont été mis en service.
La première compagnie privée d'Autriche, qui a fait voyager neuf millions de passagers en 2024, va faire rouler quatre rames à deux niveaux commandées à CRRC sur la ligne qui relie Vienne à Salzbourg. Trois autres trains arriveront la semaine prochaine et assureront la même connexion. L'industriel chinois avait déjà livré des rames en Europe, mais seulement à l'est du continent et jamais sur une ligne aussi importante. Jusqu'à présent, à l'exception d'une présence éparse en République tchèque, Serbie et Hongrie, le géant réalisait 99% de son chiffre d'affaires en Chine.
Un achat qui divise
Le ministre autrichien des Transports, Peter Hanke, voit d'un mauvais œil cette collaboration. «Nous ne devons pas rendre notre mobilité dépendante de pays tiers», a-t-il déclaré dans un communiqué. L'argument d'une concurrence déloyale a été évoqué par ailleurs dans un appel d'offres concernant la Bulgarie. En effet, le statut de CRRC comme entreprise d'État chinoise lui permet de défier toute concurrence et de proposer des tarifs jusqu'à 30% moins chers que les prix du marché. Les appels d'offres remportés dans certains pays d'Europe de l'Est par CRRC ont donc été annulés.
Mais le marché est sous tension. Et cette tension pousse les opérateurs ferroviaires à regarder au-delà des frontières de l'Europe. La demande en trains augmente sans cesse et les constructeurs, eux, accumulent les retards. Certaines compagnies attendent parfois jusqu'à neuf ans entre la signature du contrat et la livraison des premiers trains. Les compagnies ont donc des besoins urgents de compléter leur flotte, alors l'efficacité de l'industriel chinois et ses prix bas sont séduisants. En 2024, la dette de SNCF Voyageurs a bondi de plus de 740% en un an.


















