
Le répit aura été de courte durée pour l'enseigne de mode Naf Naf. Moins d’un an après avoir été sauvée par le groupe turc Migiboy Tekstil, spécialisé dans la fabrication de tissus, la marque de prêt-à-porter replonge. Les salariés de l’enseigne ont appris ce mercredi 21 mai que la direction allait demander le placement de l'entreprise en redressement judiciaire, selon un document du CSE consulté par l'AFP.
«Choqué», le comité social et économique (CSE) dénonce une «dissimulation mensongère de la situation réelle de l'entreprise» ces derniers mois, de la part de la direction. Traduction : on les a baladés. Contactée par Capital, la déléguée syndicale CFDT et secrétaire du CSE chez Naf Naf, n’a pu que confirmer l’absence totale de visibilité : aucun plan de continuation, pas même un calendrier. C’est le grand flou.
Déjà en redressement judiciaire en 2023
Lourdement endettée en raison de loyers impayés durant la pandémie de Covid-19, en proie à une baisse de la fréquentation de ses magasins sous l’effet de l’inflation, Naf Naf, alors propriété du groupe franco-turc SY International depuis 2020, avait déjà été placée en redressement judiciaire en septembre 2023. Entre 2022 et 2023, le chiffre d’affaires de l'enseigne était passé de 141 millions d’euros à 115 millions.
En juin 2024, la marque de prêt-à-porter avait été sauvée par Migiboy. Le groupe turc avait offert 1,5 million d'euros pour sa reprise. Il s’était engagé à sauvegarder 90% des emplois, soit 521 personnes, et à conserver 100 boutiques.
Naf Naf, créée en 1973 par les deux frères Gérard et Patrick Pariente, risque donc de rejoindre la cohorte des marques de mode moyenne gamme à avoir sombré, les unes après les autres : André, Burton, Jennyfer, Gap… Toutes ont été victimes d’un triple choc : une consommation en berne sous l’effet de l’inflation, une concurrence féroce de la part des plateformes chinoises d’ultra fast fashion, et une industrie textile en pleine crise identitaire.
















