Choisir un tableau dans une galerie semblait mission impossible à Raphaël et Zahra. Alors, pour décorer les murs de leur salon, ces quadras installés en région parisienne se sont lancés dans la création d’œuvres en Lego. Diplômés de Polytechnique, ce ne sont pourtant pas des artistes dans l’âme. Leur truc à eux, ce sont plutôt les mathématiques et les algorithmes… Ni une ni deux, Raphaël écrit un algorithme en langage Python afin de pixelliser une photo au format des fameuses briques, puis d’affecter à chaque ton une couleur de Lego existante. Le minilogiciel décompose l’image sous forme de schéma et permet d’éditer une liste des pièces nécessaires pour la reproduire.

A raison de six heures de construction, 4.096 pièces à assembler et 280 euros de matériel, tous les membres de la famille sont alors mis à contribution pour effectuer le montage d’un portrait de Zahra. A la fois ludique et délassante, l’activité plaît tellement que trois autres tableaux suivront. Chacun a désormais son image en briques dans le salon. «Il y a un côté geek dans le Lego, car ces briques élémentaires permettent de reconstituer à peu près tout ce qu’on veut», analyse Raphaël, qui continue de perfectionner son logiciel pour apporter «un peu de chaos» à ses premières images trop «simplistes».

Comme Raphaël et Zahra, de nombreux adultes sont mordus de Lego. Pour les experts du secteur du jouet, cette catégorie de fidèles porte un nom: les Afol, pour «adults fans of Lego». Leurs achats, parfois frénétiques, représentent désormais 30% des ventes de la marque et participent à soutenir son inépuisable dynamisme. Après une année record en 2021, où le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de 27%, pour atteindre 7,43 milliards d’euros, Lego se dirigeait vers de nouveaux sommets en 2022. Epargné par la conjoncture morose, le numéro 1mondial du jouet progressait encore de 17% sur le premier semestre.

© SP/Lego

«Lego a été plébiscité par les consommateurs pendant le Covid, car c’était un moyen de sortir les enfants des écrans et de jouer en famille», rappelle Sylvain Munnier, directeur général France de Lego. Pour les économistes, l’entreprise est un modèle de résilience. «C’est une marque très influente qui a su s’approprier un territoire d’expression, la créativité, et en faire un capital solide», souligne Bertrand Chovet, directeur général France de Brand Finance, un cabinet de conseil, qui n’hésite pas à comparer sa puissance à d’autres grands noms, comme Ferrari ou Red Bull. Dans son classement 2022, le roi de la brique est de loin la marque danoise la plus rayonnante du royaume.

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