Un journal people l’a classée dans le top 10 des plus séduisantes milliardaires de la planète, sur la foi de photos qui semblent en réalité celles d’une mannequin australienne. Les limiers du fisc s’y sont aussi laissé prendre. En 2011, au vu des supposées apparitions mondaines de Marie Besnier Beauvalot, ils ont hâtivement conclu que celle-ci n’avait pas le profil d’une présidente de conseil de surveillance. Et encore moins de présidente d’un groupe qui fabrique des camemberts Président (sans "e", notons-le) et des roqueforts Société. Tout à leurs préjugés, nos collecteurs d’impôts ont surtout considéré qu’à seulement 20 ans – âge auquel elle a pris, en 2000, ses fonctions à la suite du décès de son père Michel – Marie Besnier n’avait pas la carrure pour superviser un groupe de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’époque, 20 milliards aujourd’hui. Pour faire bonne mesure, la Direction régionale des finances publiques d’Ile-de-France notait sournoisement que la jeune patronne prenait rarement la parole lors des conseils d’administration, par ailleurs fort espacés. Bref, qu’elle était une présidente fictive.

Tous ces considérants ajoutés, l’administration a donc estimé que Marie Besnier ne pouvait ranger sa colossale fortune (près de 25% de Lactalis) dans la catégorie "bien professionnel" afin d’échapper à l’ISF (impôt sur la fortune). Elle n’y travaillait pas vraiment. Et surveillait de trop loin la gestion de son frère Emmanuel, le vrai patron. Montant de la rectification assénée par Bercy : 20 millions d’euros ! Eh bien, le fisc avait presque tout faux. Après onze ans de procédure, Marie Besnier a récupéré presque l’intégralité de son "fromage" devant la justice. Le 21 septembre dernier, la cour d’appel de Paris a fait droit à la plupart de ses arguments, estimant que l’administration n’avait pas prouvé l’emploi fictif. Sa jeunesse ? "Les compétences managériales d’une personne ne se résument pas à un CV", disait-elle. Aux âmes bien nées… Les comptes rendus laconiques des séances ? Un souci de "confidentialité attaché au groupe Lactalis", plaidait encore la famille. Enfin, Marie Besnier ne fait pas que présider. Elle participe aussi à des conseils stratégiques avec ses frères coactionnaires, dont la teneur ne s’ébruite pas hors des murs du siège de Laval (53). Ce qui ne veut pas dire qu’elle reste muette.

La suite est réservée aux abonnés
Abonnez-vous à Capital à partir de 1€ le premier mois
  • Accès à tous les articles réservés aux abonnés, sur le site et l'appli
  • Le magazine en version numérique
  • Navigation sans publicité
  • Sans engagement