Les abonnés d’Orange n’ont jamais entendu parler de lui. Pas plus que les consommateurs des produits d’Apple, des services d’Amazon, de Google ou d’Uber… Pourtant, à chaq­ue fois qu’ils veulent contacter ces mar­ques, c’est probablement à un salarié de Daniel Julien qu’ils ont affaire. Ce Français de 69 ans au look décontracté est le P-DG de Teleperformance, champion mondial des centres d’appels et du service client.

Les multinationales lui font confiance parce qu’il excelle dans l’exercice du SAV ou de l’assistance à distance, souvent réalisés loin de leur base à des coûts compétitifs. Mais chut, elles ne tiennent pas à ce que cette externalisation s’ébruite. « Dans notre métier, il y a beaucoup de règles de confidentialité », résume le patron au sourire Ultra Brite qui reçoit à son siège parisien de la rue Balzac, à deux pas de l’Etoile.

Rester dans l’ombre, Daniel Julien ne s’en plaint pas. La discrétion n’a jamais empêché Teleperformance (« TP » pour les intimes) de – très bien – gagner sa vie. En 2021, le chiffre d’affaires a progressé de 25,7% par rapport à l’exercice précédent, à 7,1 milliards d’euros. Quant au résultat, il a bondi de… 72% (557 millions d’euros). Chaque année, le géant aux 420.000 salariés disséminés partout dans le monde affiche des croissances à deux chiffres. Si bien qu’en 2020 TP a fait son entrée au CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, où la valeur de son action est l’une des plus élevées de la cote (au-delà de 300 euros).

La capitalisation du groupe, qui dépasse 20 milliards d’euros, y est supérieure à celle de Veolia et loin devant celle de Carrefour. De quoi faire les affaires de Daniel Julien. Détenant 2% de l’entreprise, il est, selon nos calculs, à la tête d’une fortune professionnelle de 380 millions d’euros. Il est aussi l’un des patrons les mieux payés de France. Fixe, ­variable et actions de performance compris, sa rémunération a atteint 21 millions d’euros l’an dernier, selon le pointage de Scalens, une fintech spécialisée dans les sociétés cotées. Derrière Bernard Charlès (Dassault Systèmes) et Carlos Tavares (Stellantis), mais devant Jean-Paul Agon (L’Oréal) et Paul Hudson (Sanofi)…

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