Il y a quelque chose d’étrange dans la relation qu’entretient Marseille avec son champion, l’armateur français CMA CGM. Un mélange de fierté mêlée de puissance et de patriotisme, pimentée de craintes et de non-dits. D’un côté, la cité phocéenne profite à plein de la nouvelle richesse d’un groupe qui a su restaurer ses finances grâce à la pandémie du Covid, étendre sa présence dans le monde, renforcer ses activités dans la logistique. Et également se diversifier dans le numérique et les médias avec le rachat récent du groupe audiovisuel RMC BFM, propulsant son PDG, Rodolphe Saadé, sur le devant de la scène économique française.

De l’autre, l’emprise du premier employeur privé (6 000 personnes) sur la ville provoque des jalousies, voire des sarcasmes quant au turnover très fort subi par les cadres du siège. Les décideurs locaux s’interrogent : quelles peuvent bien être les motivations d’un tel patronat mécène à Marseille ? «L’image de la ville a été très anti-entreprise pendant cinquante ans, pointe l’un d’entre eux. Les champions du coin comme Pernod ou Sodexo sont montés à Paris. La réussite soudaine de CMA CGM cristallise des tensions.» Un élu marseillais, un brin dépité, renchérit : «Malheureusement, je ne suis pas sûr que les Marseillais soient fiers de CMA CGM. Ici, on n’aime pas trop les entreprises.» Et pourtant, avec la cinquantaine d’adresses (directes ou indirectes) que compte désormais le groupe sur le territoire, l’armateur joue les bienfaiteurs.

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