A l’aube de l’été 2014, le secrétaire d’Etat chargé du Budget et des Comptes publics, Christian Eckert, reçoit dans son bureau à Bercy le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Le rendez-vous est d’importance: il s’agit de fixer le budget qui sera accordé à la Place Beauvau l’année suivante. Même si les deux hommes de gauche se connaissent bien et que leurs équipes respectives participent à l’entretien, l’ambiance devient vite glaciale, polaire même. «Bernard était venu me demander des moyens supplémentaires pour son ministère, mais nous n’étions d’accord sur rien, se remémore l’ancien secrétaire d’Etat. On a fini par trouver un compromis, quinze jours plus tard, en tête-à-tête.»

A l’arrivée des beaux jours, l’histoire se répète inlassablement. En dehors du ministre des Armées, dont la ligne budgétaire est du ressort de l’Elysée, les membres du gouvernement viennent négocier leur budget à Bercy. Avec un objectif simple : obtenir la plus grosse enveloppe possible et ce, avant la présentation du projet de loi de finances (PLF) en septembre, au Parlement. Des négociations que la puissante direction du budget du ministère des Finances, chargée de veiller à la trajectoire des comptes publics, voit d’un mauvais œil. Et dont François Ecalle, ancien magistrat à la Cour des comptes, résume l’état d’esprit : «A Bercy, on a coutume de dire qu’il y a le ministère des Finances d’un côté et les ministères dépensiers de l’autre ! »

La dépense publique, l'histoire d'une paralysie française

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