«A partir de ce moment-là, vous ne mangez plus, vous ne voyez plus vos enfants et vous vous remettez à fumer», témoigne Olivier Sauvage, le responsable de la sécurité des systèmes d’information de la coopérative Cooperl. Au petit matin du samedi 9 mai 2020, il vient de comprendre que son groupe agroalimentaire breton est en train de subir une cyberattaque de type ransomware (ou rançongiciel, logiciel malveillant qui prend en otage des données personnelles et réclame une rançon pour y redonner accès, NDLR) : le pire cauchemar de toutes les entreprises!

Des fichiers ont été renommés et chiffrés, des serveurs et des applications sont inaccessibles. Notre responsable fait immédiatement couper PC et serveurs et lance une cellule de crise avec la direction. Heureusement pour la Cooperl, la production de viande n’est pas interrompue. Seule l’administration du groupe se retrouve perturbée pendant plusieurs semaines. Un moindre mal pour l’entreprise, qui se permet d’ignorer la demande de rançon des criminels et parvient vite à redémarrer.

Cela ne se termine pas toujours aussi bien. Clestra Hauserman, le spécialiste alsacien des cloisons amovibles, a été contraint de déposer le bilan l’année dernière. Il a perdu plusieurs millions d’euros avec l’immobilisation de ses usines par un autre rançongiciel. Ses activités ont été reprises par la société Jestia au mois d’octobre dernier.

Les pertes cumulées de chiffre d’affaires provoquées par des ransomwares auraient atteint 2,8 milliards d’euros pour les entreprises françaises en 2022, d’après la start-up de cybersécurité Anozr Way. Il y a bien sûr les rançons qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros et que certains prennent le risque de payer. Les dégâts vont cependant bien au-delà, quelle que soit la cyberattaque. Il faut faire face à «des amendes, des dépenses en relations publiques, des coûts liés aux actions immédiates à mettre en place pour protéger les clients», comme le décrit une étude du cabinet Deloitte. Et des frais cachés tels que «l’atteinte portée à l’image de l’entreprise, l’interruption d’activité, la perte d’informations confidentielles».

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