La marque chinoise 3iTech est inconnue en France pour le moment. Elle émane de Picea (ex 3iRobotix) qui conçoit dans l’ombre des robots pour des marques bien connues comme Xiaomi ou Ninja par exemple. Mais elle pourrait bien sortir de cet anonymat si elle persiste dans la voie qu’elle s’est tracée. Son modèle haut de gamme, le S10 Ultra, a été présenté lors du grand salon américain de l’électronique grand public, le CES, à Las Vegas en janvier dernier. Cet appareil, que nous testons ici, est un véritable ovni dans la galaxie des aspirateurs robots. Et pour une fois, le terme "Ultra" associé à son nom n’est pas galvaudé. Tant par les technologies employées que par la taille, le style et le bruit de sa station d’accueil, il en impose. C’est en effet le premier à utiliser une station qui s’emploie à recycler l’eau de lavage, et même à capter l’humidité dans l’air.

L’objectif : réduire encore un peu les manipulations en limitant le remplissage du bac d’eau propre et la vidange du bac d’eau sale. Ingénieux. Pas sûr cependant que la concurrence suive 3iTech sur ce terrain. Ce robot vise un public assez technophile, capable d’accepter certaines contraintes au quotidien pour assurer l’entretien des sols. Et si le S10 Ultra embarque des techniques de pointe, avec un prix à l’avenant, quelques détails assez basiques semblent avoir été laissés de côté.

Nous l’avons hébergé dans notre appartement durant une dizaine de jours, afin d'évaluer son efficacité pour entretenir nos sols et vérifier les promesses de 3iTech sur la pertinence de ses choix technologiques. Et si ce S10 Ultra se montre un peu trop envahissant pour vous, vous pourrez sûrement trouver un modèle plus adapté à vos besoins dans notre guide des meilleurs aspirateurs robots.

Navigation : un peu de brutalité dans un monde 3D (3,5/5)

Pour gérer ses déplacements, le S10 Ultra se repose sur plusieurs dispositifs. Comme certains de ses congénères haut de gamme (tel le Saros 10R de Roborock par exemple), il se dote d’un LiDAR ToF (Time of Flight, ou temps de vol) qui détermine la position du robot dans l’espace grâce à des lasers. En façade, il se dote aussi d’une caméra RVB. Elle est épaulée par une IA pour identifier les obstacles qui peuvent se présenter devant lui (chaussures, chaussettes, câbles, mais aussi animaux domestiques…).

© Fabrice Brochain pour Capital

Petite subtilité : en plus du capteur latéral de proximité, une Led verte assez puissante se niche à l’avant sous le robot. Située au ras du sol, elle permet au robot de mettre en relief ce qui se trouve devant lui (grosses ou petites miettes, liquides renversés, etc.) et d’adopter la bonne stratégie de nettoyage.

© Fabrice Brochain pour Capital

C’est armé de cet arsenal que le S10 Ultra dresse la carte du domicile lors de son premier tour de repérage. Pour cette opération, il s'est montré à la fois rapide et efficace. Les pièces sont délimitées de façon précise et identifiées. Lors des passages suivants, le dispositif place lui-même sur le plan les meubles qu’il repère sur son parcours. La carte s’affine au fil des pérégrinations de l’appareil. C’est très efficace.

La gestion des obstacles est un peu moins convaincante tant elle se révèle assez aléatoire. Le robot a bien détecté les pièges que nous lui avons tendus (câble jeté au sol, chaussures, torchon, balle et étui d’écouteurs). En revanche, il s’est montré assez brutal avec les obstacles plus volumineux. Il n’a par exemple pas hésité à forcer le passage en poussant le bac à litière du chat. Il se cogne aussi assez régulièrement aux murs et dans les portes.

© Fabrice Brochain pour Capital

Un comportement étrange qui oscille entre l’excès de précaution et la tête brûlée qui fonce droit devant. En cas de doute, mieux vaut donc mettre en sécurité les objets fragiles comme les guéridons légers ou les dames-jeannes par exemple.

De la même façon, pendant une phase de lavage, il a bien repéré le chat étendu sur le sol. Il en a fait le tour sagement pour continuer son office. Cependant, à l’inverse de modèles concurrents qui reviennent sur la zone en fin de tâche pour vérifier si l’obstacle est toujours là, le S10 Ultra n’en a cure. Il ne revient pas et rentre à sa station. Tant pis.

On note aussi que le robot peut prendre en photo les obstacles rencontrés. Il est possible d’utiliser sa caméra RVB à des fins de surveillance en direct.

Aspiration : deux brossettes ne valent pas toujours mieux qu’une (3,5/5)

Il a beau se classer dans la catégorie des aspirateurs robots haut de gamme, le S10 Ultra se dote d’un moteur développant « seulement » 13 000 Pa. La grande majorité des modèles concurrents au même prix tournent plutôt autour des 20 000 Pa. Une puissance moindre qui ne se remarque pas sur sols durs. Le robot engloutit facilement miettes et petits débris et ne fait qu’une bouchée des grains de litière, de riz ou des coquillettes qu’il croise… si ses brossettes latérales lui en laissent l’occasion.

© Fabrice Brochain pour Capital

Le S10 Ultra compte en effet deux brossettes latérales réparties sur chaque flanc. Elles tournent chacune dans un sens opposé à l’autre pour ramener vers le ventre du robot (où se trouve la brosse principale), les débris collectés sur les côtés. Une fausse bonne idée. Bien souvent, la rotation est trop rapide et les débris sont éjectés au loin. Ou alors, l’une des brosses semble faire une passe à la seconde mais manque son objectif. Si bien que deux passages sont souvent nécessaires pour tout aspirer.

Lorsque la vitesse de rotation, qui n’est pas constante, est abaissée, le dispositif fonctionne. Dommage cependant qu’aucune des deux ne soit extensible, comme c’est le cas chez de nombreux concurrents. Le S10 Ultra peine donc à bien nettoyer les coins. Les deux brossettes sont également à l’œuvre lorsque le robot se déplace sur un tapis ou une moquette. Pratique pour nettoyer aussi le long des murs sur ces surfaces. Sur moquette justement, le S10 Ultra se montre moins à son aise. Deux passages, voire plus, se révèlent nécessaires pour parvenir à déloger les petits débris et autres cheveux pris au piège dans les fibres.

Ce que l’on apprécie en revanche, c’est que l’appareil sait travailler discrètement. Il propose quatre niveaux d’aspiration (Discret, Moyen, Fort et Max). Nous avons mesuré 55 dB à 1,5 m de distance avec le mode Moyen, 58 dB avec le mode Fort et 63 dB au Max ce qui reste très raisonnable. Bizarrement cependant, la station émet un gros ronronnement lorsque le robot s’en va faire son office.

Lavage des sols : il utilise son rouleau jusqu’au bout (4/5)

Pas de patins rotatifs ou de serpillière vibrante à bord du S10 Ultra. Ici, c’est un rouleau rotatif qui se charge du travail. Celui-ci peut se décaler légèrement vers la droite du robot pour longer les murs. Le dispositif atteint une vitesse de 330 tours/minute. Il profite également d’un « arrosage » permanent, pour humidifier sa serpillière en microfibres grâce à 12 petites buses cachées derrière.

© Fabrice Brochain pour Capital

Enfin, une raclette placée à l’avant du rouleau redirige l’eau sale vers son collecteur. Un système bien pensé. Lorsque le robot arrive devant une tache fraîche, comme du ketchup par exemple, cette technique lui évite de l’étaler, contrairement à ce que pourrait produire une serpillière vibrante ou des patins rotatifs. Bien vu.

© Fabrice Brochain pour Capital

L’efficacité est aussi au rendez-vous avec les traces habituelles (marques de pas, petites taches légères, etc.). Le S10 Ultra s’en sort aisément. C’est un peu moins évident avec les taches plus incrustées qui nécessitent deux voire trois passages pour en venir à bout. Le robot laisse derrière lui un sol légèrement humide (merci la raclette) et qui sèche donc rapidement.

Son IA peut aussi lui jouer quelques tours. Il s’est fait berner par le reflet du soleil sur le carrelage qu’il venait de mouiller en le prenant pour un obstacle. Ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre son office.

© Fabrice Brochain pour Capital

Néanmoins, on peut lui reprocher un gros défaut. Durant le lavage, ses brossettes latérales continuent de tourner sur le sol. Elles collectent donc l’humidité stagnante ou les résidus de taches que le robot n’est pas parvenu à déloger lors de son premier passage. Idem pour la brosse principale qui reste plaquée au sol. Étonnant de constater cette erreur de conception sur un aspirateur robot aussi bardé de technologies et aussi cher.

© Fabrice Brochain pour Capital

Enfin, si le rouleau est efficace pour longer les murs, il ne passe évidemment pas sous les meubles et les portes, à l’inverse des patins rotatifs.

Ergonomie de l’application : un petit manque d’intuitivité (4/5)

Pour piloter son S10 Ultra, 3i fournit une application pour Android et iOS. Elle se révèle assez simple à prendre en main et pourrait être comparée à celle de Dreame par exemple. Elle permet de modifier la carte, de définir des zones interdites, de changer la nature du sol, mais pas de poser des meubles. Ce privilège est réservé à l’appareil.

© Fabrice Brochain pour Capital

On regrette simplement un petit manque d’intuitivité dès qu’il s’agit de lancer une tâche de nettoyage. En désignant une pièce précise, la liste de toutes les autres pièces référencées s’affiche avec des cases à cocher. Et il n’est pas rare que la dernière à avoir été nettoyée soit active par défaut. En lançant le nettoyage sans y faire attention, le robot va alors nettoyer les deux pièces.

Par ailleurs, il est difficile d’interrompre une tâche en cours. Par exemple, si l’on souhaite débuter un autre nettoyage alors que le robot rentre à la station, il faut patienter le temps qu’il l’atteigne.

Enfin, l’appli se montre très complète pour régler la station notamment. Elle permet de définir un mode « Ne pas déranger » pour éteindre les lumières Leds par exemple, et empêcher tout bruit de fonctionnement. Évidemment, il ne faut pas le caler sur la même plage horaire que le traitement de l’eau, sinon, il ne se produira rien.

Entretien : une vraie centrale de recyclage de l’eau qui en impose (4/5)

La station qui accompagne ce robot représente le clou du spectacle. Elle semble tout droit sortie d’un film de science-fiction et joue la carte du design technophile, limite gaming avec ses leds multicolores. Tout d’abord, elle se montre massive et imposante. Comptez un gabarit de 60,6 cm de haut tout de même, pour 45,9 cm de large et 46 cm de profondeur. Un gros bébé à côté duquel les modèles habituels semblent compacts et auquel il faut réserver de la place. Et pour l’installer ou la déplacer, mieux vaut avoir les reins solides. L’engin ne pèse pas moins de 28 kg. Un monstre qui ne manque pas de se faire remarquer, autant par sa taille que par son bruit que l’on entend aussi. Souvent.

Le 3i Tech S10 Ultra à gauche, le Roborock Saros Z70 à droite
Le 3i Tech S10 Ultra à gauche, le Roborock Saros Z70 à droite © Fabrice Brochain pour Capital

3iTech souhaite réduire les manipulations nécessaires à l’entretien du robot et de la station. Cette dernière est donc équipée d’un système original pour la gestion de l’eau. Au centre figure un bac d’eau claire d’une capacité de 3,2 L qu’il faut remplir. Dans le bac, figure également un filtre à carbone amovible ainsi qu’une petite boîte ajourée renfermant des billes filtrantes.

© Fabrice Brochain pour Capital

À gauche du réservoir, un emplacement est prévu pour accueillir le flacon de détergent. Il s’agit d’un récipient propriétaire qu’il faut glisser tel quel dans le compartiment.

© Fabrice Brochain pour Capital

Une fois l’eau ajoutée, on ne s’occupe plus de rien. Ou presque. S’il y a bien un sac à poussière de 2,5 L pour vidanger le collecteur du robot, il n’y a en revanche pas de bac d’eau sale visible. C’est là que réside la force de la station.

L’engin collecte l’eau sale du robot lorsque celui-ci revient sur sa base pour se vidanger et laver sa serpillière. L’eau est ensuite chauffée à une température de 90°C et rejoint le bac d’eau propre après avoir été débarrassée des éventuels débris qu’elle contient. Ceux-ci sont séchés, puis évacués dans le sac à poussière. Par ailleurs, la station fonctionne également comme un déshumidificateur. Elle absorbe l’humidité dans l’air et la collecte dans le bac d’eau propre à raison de 100 ml/h. Durant notre test avec un taux d’humidité ambiante de 55%, nous avons obtenu un peu moins, soit 90 ml/heure environ.

© Fabrice Brochain pour Capital

Cette débauche de technologie pour éviter d’avoir à remplir soi-même le bac d’eau et à vidanger l’eau sale se paie au prix d’un niveau sonore assez gênant. Lorsque la station travaille à recycler l’eau, nous avons mesuré un bruit de 48 dB à 1 m de distance. De nombreux gargouillis se font entendre, en plus d’un ronronnement permanent. Si la station est installée dans une pièce de vie, elle peut vite déranger les occupants. Heureusement, il est possible de prévoir une plage horaire d’activité. Par ailleurs, le recyclage n’est pas sans impact sur la consommation électrique. Opéré durant la nuit, l’appareil a englouti 1,21 kWh tout de même. Nous avons mesuré une consommation de 91,8 W pendant la phase de recyclage pour 5,4 W en veille.

© Fabrice Brochain pour Capital

La station gère évidemment le lavage de la serpillière du robot à l’eau chaude, ainsi que son séchage (55°C). Mais elle ne sait pas faire sa propre toilette. Les débris présents sur la planche de lavage après une dizaine de jours d’utilisation sont nombreux. Et mieux vaut les retirer régulièrement pour éviter qu’ils n’obstruent les grilles d’évacuation.

© Fabrice Brochain pour Capital

Quant au robot lui-même, il se révèle assez simple à entretenir. Pour une fois, il est possible d’accéder à son bac d’eau sale et de le vider manuellement si on le souhaite. Pratique si jamais la station peine à produire de l’eau. L’appareil est également doté d’un système anti-enchevêtrement pour couper les cheveux longs et autres poils d’animaux. Cependant, celui-ci n’agit pas en temps réel. Le robot s’en débarrasse une fois revenu à sa station.

© Fabrice Brochain pour Capital

Réparabilité : le grand jackpot des consommables

Pour le moment, le S10 Ultra n’est vendu en France que sur Amazon. Le fabricant ne présente aucun indice de réparabilité et c’est plutôt regrettable vu le niveau technique de sa station qui embarque un grand nombre d’éléments électriques et mécaniques pour le recyclage de l’eau. Néanmoins, il nous a certifié que les pièces détachées seraient disponibles pendant 5 ans (sans toutefois préciser lesquelles). Par ailleurs, on peut constater que le coût des consommables, également disponibles chez le marchand en ligne, se révèle assez excessif. Comptez 29,99 euros pour un pack de trois sacs à poussière, 39,99 euros pour le flacon propriétaire de 800 ml de détergent, ou encore 29,99 euros pour le filtre HEPA du robot.

Deux alternatives au 3i S10 Ultra

Roborock Saros 10

Beaucoup plus fin que le S10 Ultra et accompagné d’une station également plus compacte, le Saros 10 ne démérite pas face au robot de 3iTech. Alors oui, il faudra remplir son bac d’eau propre et vidanger son bac d’eau sale, mais l’appareil fonctionne en silence et de façon efficace avec sa serpillière vibrante.

Dreame X50 Ultra Complete

Une bonne motricité, une aspiration puissante et un lavage des sols méticuleux, c’est tout ce que propose ce modèle haut de gamme de Dreame qui figure parmi les meilleurs robots du moment. Sa station assez haute embarque une réserve d’eau suffisante pour tenir longtemps.

Conclusion

À n’en pas douter, le S10 Ultra est un robot qui sort de l’ordinaire. Un appareil bardé de technologies, dont le principal objectif consiste à limiter les opérations de maintenance habituelles que l’on rencontre avec tous les autres modèles concurrents, sans exception. Il élimine la manutention de remplissage et de vidange des bacs d’eau. Une bonne idée qui fait gagner du temps et qui satisfera les étourdis.

Mais le prix à payer de cette tranquillité reste assez élevé au regard des contraintes imposées. La station d’accueil se montre vraiment imposante, bruyante et peu économe en énergie. Quant au robot lui-même, on a du mal à lui pardonner des erreurs de conception à ce niveau de prix. Ses brossettes latérales et sa brosse principale qui ne se relèvent pas pendant le lavage, sa reconnaissance d’obstacles assez aléatoire et son manque de souffle sur les tapis et moquettes lui font perdre des points précieux vis-à-vis de ses rivaux.

Note de la rédaction : 3,8/5

  • Navigation : 3,5/5
  • Aspiration : 3,5/5
  • Lavage des sols : 4/5
  • Application : 4/5
  • Entretien : 4/5

Certains liens sont affiliés et peuvent générer une commission pour Capital. Les prix sont mentionnés à titre indicatif et sont susceptibles d'évoluer. Le contenu présenté a été rédigé en toute indépendance par un journaliste professionnel.