C’est la quatrième sanction la plus élevée jamais infligée par l’Autorité de la concurrence. Le 19 décembre 2024, l’institution a infligé une amende record de 611 millions d’euros à dix fabricants et deux distributeurs d’électroménager pour des pratiques anticoncurrentielles entre 2007 et 2014. Pendant cette période, les fabricants et distributeurs sanctionnés, dont BSH, SEB, Darty ou encore Boulanger, auraient participé, selon l’Autorité, à des ententes pour fixer les prix de revente. Ces pratiques éliminaient la concurrence entre distributeurs pour une même marque, limitant la baisse des prix normalement induite par la compétition. L’objectif était clair : contrer la montée des distributeurs en ligne, capables de proposer des prix bien inférieurs à ceux des magasins traditionnels.

Réduire la concurrence des distributeurs en ligne, au détriment des consommateurs

Les fabricants communiquaient des prix dits «conseillés», en réalité imposés. En cas de non-respect, les distributeurs risquaient des sanctions : retards, arrêts des livraisons, mise en place de systèmes de ventes exclusives, etc.). Ces pratiques ont également eu un impact sur les distributeurs en ligne : selon l’Autorité de la concurrence, 95% des distributeurs présents sur Internet à cette époque ont disparu ou ont été rachetés.

Avec cette amende de 611 millions d’euros, l’institution réaffirme son engagement à protéger les consommateurs. Toutefois, les résultats tangibles sur les prix actuels restent encore difficiles à prévoir : les prix maintenus artificiellement élevés pendant cette période n’ont jamais été confrontés à un marché pleinement concurrentiel. Depuis 2014, le secteur a beaucoup évolué, avec une stabilisation des prix et de nouveaux facteurs influant sur le marché, comme les hausses des coûts de production et de transport.

Une vigilance nécessaire pour l’avenir

Une baisse des prix immédiate semble peu probable. Les pratiques visées se sont déroulées dans un contexte bien différent de celui d’aujourd’hui, où les ventes en ligne dominent désormais le marché. Les consommateurs peuvent cependant espérer que cette sanction ait un effet dissuasif, incitant les acteurs du secteur à éviter de nouvelles ententes similaires.

Pour ceux qui souhaitent réclamer des indemnisations, l’Autorité de la concurrence rappelle qu’elle n’a pas le pouvoir de dédommager directement les consommateurs. Elle encourage cependant les associations de consommateurs à engager des actions collectives. Une telle démarche pourrait permettre aux clients de récupérer une partie des surcoûts supportés entre 2007 et 2014. De son côté, l’Autorité assure surveiller le secteur pour prévenir toute dérive similaire.